jeudi 26 mai 2011

Pour le plaisir de tomber dans le panneau (avant de se prendre un arbre)

Comme Rebecca, je suis affligé par la controverse portant sur le retrait des panneaux, annonçant aux automobilistes qu'ils pénètrent dans une zone où ils sont tenus de respecter le code de la route sous peine d'amende... Et je partage son analyse...
A une différence près pourtant, c'est que je crains que les parlementaires UMP aient raison de penser que leur réélection dépend pour beaucoup de ces foutues pancartes métalliques...
Car à en croire le monde qui m'entoure, les citoyens sont avant tout des automobilistes qui ne regardent pas plus loin que le bout de leur capot...

On aurait pu penser que, suite aux résultats positifs spectaculaires (les seuls de la majorité depuis 10 ans de pouvoir) obtenus sur le sujet de la sécurité routière (deux fois moins de morts par an sur la décennie !), on aurait eu aucun mal à accepter cette évolution, frappée au coin du bon sens. Et je ne parle pas des effets bénéfiques pour l'environnement et pour la pénurie énergétique qui s'annonce.

Mais non, l'idée d'avoir à ralentir et se discipliner donne lieu à une véritable mutinerie...
On veut être libre de rouler comme des neuneus dans nos bolides à la vitesse qu'on veut.
Soit.

Désolé, Gi, là, j'arrive pas à voir la bouteille à moitié pleine... :-)
La population française me semble (dans sa grande majorité) désespérément infantile et irresponsable...


jeudi 19 mai 2011

Pays au bord de la crise de nerfs...



Nouvelles histoires de moufettes à la campagne...
Il fallait s'y attendre.
Après les Roms (voleurs), les délinquants multirécidivistes (psychopathes), les musulmans (envahisseurs), les juges (laxistes), les malades imaginaires (fraudeurs de la sécu), les fonctionnaires (privilégiés/fainéants/inutiles)...
On finirait par l'oublier, mais avant la tragédie de l'hôtel Sofitel à New York, la semaine dernière sur vos écrans, les méchants du mois étaient les assistés (parasites cancérigènes).

Le scénario est connu : l'Elysée, ou un ministre zélé, tape fort sur la catégorie désignée, et pour calmer ceux qui s'en émeuvent, on leur dégaine le sondage qui montre que 60% des français estiment qu'il a eu raison de le faire.
Et tant pis si c'est nauséabond. L'important, c'est de flatter l'opinion.
Tout cela ne serait qu'une énième anecdote de mauvais goût, si cela n'entretenait pas la spirale infernale qui tire le pays vers le bas depuis trop longtemps, et si, comme certains semblent l'annoncer, on ne risquait pas de faire de ce thème de l'assistanat un thème de campagne pour 2012... 
La ficelle est grosse, mais vu que je les vois arriver avec leur gros sabots, je ne perds pas de temps pour essayer de leur couper l'herbe sous le pied, en espérant que je ne sois pas tout seul...

L'oeuf ou la poule? 
Concernant la relation de l'assistanat et le chômage, je refuse de souscrire à l'idée que ces deux phénomènes seraient comme l'oeuf et la poule. Et qu'à défaut de maîtriser la poule, il suffirait d'écraser l'oeuf... Car il me semble à peu près incontestable qu'on puisse attribuer le chômage de masse en France
  • à la mécanisation, qui a supprimé beaucoup d'emplois peu qualifiés, 
  • à la désindustrialisation du territoire, causée par les délocalisations, qui a également supprimé beaucoup d'emplois peu qualifiés, 
  • à la pression financière du système, qui s'est mise à exiger des entreprises des rendements disproportionnés, imposant une forte rationalisation des emplois. Les gains de productivité n'ont pas été suffisamment bien partagés pour pouvoir développer de nouvelles activités et nouveaux emplois.
  • à l'inadéquation de la main d'oeuvre disponible par rapport aux besoins de profils très qualifiés (mais bon, à ma connaissance, ok, il manque des anésthésistes, chirurgiens, ingénieurs, etc... mais tout de même pas de quoi employer 3 millions de chômeurs non plus..)
Malgré cela, les hauts responsables en charge des affaires du pays de rejeter depuis le début les torts sur les victimes de ce ce phénomène : les chômeurs.... Oui, c'est parce que les chômeurs ne crèvent pas assez de faim qu'il y a tant de chômage en France !
Et c'est donc le système de protection sociale qui favoriserait le chômage...

Mettez vous à fabriquer des airbus, bandes d'assistés ! 
Les experts économiques, colporteurs de l'idéologie libérale qui défendaient la mondialisation heureuse dans les années 90, ont commencé dès le début cet inconscient travail d'humiliation des gens professionnellement peu qualifiés, en défendant le libre-échange et donc les délocalisations. 
Ces fameux "experts" nous racontaient à l'époque, avec une condescendance très coloniale, et un angélisme à posteriori très risible, qu'il était normal que les productions de produits de faible valeur ajoutée soient délocalisées dans les pays sous développés, qu'on avait mieux à faire en France. Qu'il fallait laisser la fabrication des tee-shirts et les objets de consommation aux pauvres, que la destinée de la France, c'était de fabriquer des Airbus, des TGV...
En d'autres termes, mais ce n'était pas explicitement évoqué, il fallait que tout le monde en France devienne ingénieur.
On a fermé les usines, mais bizarrement, personne n'a réussi à transformer les ouvriers en ingénieurs. Les couturières en ingénieurs. Les pompistes, les postiers, les buralistes, les dactylos, les garde-barrières... en ingénieurs...
Et comme personne n'a encore oser proposer de délocaliser les travailleurs excédentaires du sol français, ne serait-ce que pour accompagner leurs usines (on n'a affecté des charters que pour les sans-papiers pour le moment...), on a crée le pôle emploi, pour les occuper en attendant qu'ils se métamorphosent en ingénieurs par mutation spontanée...


Bouffez-vous les uns les autres, vous n'aurez plus faim...
Je veux bien laisser à nos décideurs la liberté d'affirmer que, si il y a tant de blessés en France, c'est parce que nos services d'urgence hospitaliers sont trop performants, et nos hôpitaux trop confortables... Et que si on fermait ces services, cela inciterait les gens à faire attention et il  y aurait moins de blessés et autres malades. Chacun peut croire à ce dont il a envie...
Mais ce qui est néfaste en revanche, c'est ce gâchis collectif et durable qu'alimentent ces stigmatisations et autres lynchages de bouc-émissaires.
On passe notre temps à améliorer la défiance, alors qu'il faudrait essayer de redresser la confiance.
Depuis trop longtemps, depuis 40 ans que le chômage de masse s'est installé, ces stratégies de stigmatisations politiciennes entretiennent le cercle vicieux. Dans la population, on se jette en pâture, on se regarde en chien de faïence, on se jalouse on se dénigre, car on est tous le bouc émissaire de quelqu'un d'autre. Stratégies teintées de la tentation évidente du "Diviser pour mieux régner".
Soit, mais alimenter des combats de coq, fort divertissants ma foi, n'est pas ce qui va pousser le pays à aller de l'avant. 
S'ils veulent nous remettre au travail, il va falloir qu'ils envisagent un jour une grande réconciliation : avec nous mêmes, avec les autres, avec le travail.
Sans confiance en nous-mêmes, sans confiance dans les autres, nous ne sommes rien, et nous ne ferons rien.

Le travailleur français sur le divan
Oui les français traînent des pieds sur le marché du travail. Mais plutôt qu'affirmer que le chômeur français est fainéant, creusera-t-on un jour l'aspect psychologique de la chose si on tient vraiment à la résoudre?
  • Les français, sans doute de par leur culture égalitaire, issue de la pensée universelle, semblent déjà avoir du mal philosophiquement avec le fonctionnement capitaliste. Contrairement aux pays anglo-saxons, qui voient volontiers la main de Dieu dans la gratification du mérite (on mérite ce qu'on a, et on ne mérite que ce qu'on a...), le français vit mal l'inégalité, qui le ramène à la féodalité.
    Ce qui est un moteur pour l'anglo-saxon, est un frein pour le français. Se défoncer au boulot pour un client, c'est déjà pas évident, alors engraisser un tiers (l'actionnaire), ça ne coule pas de source pour tout le monde. On aura beau culpabiliser le travailleur français, continuer à lui renvoyer des images détestables de lui même, on n'en fera pas un anglo-saxon de sitôt... (et c'est tant mieux :-)
  • L'élitisme français perdure et se mute dans l'élitisme du fric. Tant qu'on ne revalorisera pas les métiers selon l'utilité et la pénibilité, on aura du mal à pourvoir les postes dont on a besoin. L'économie est un lieu de conformisme et de reproduction regrettable. J'aurais préféré faire construire une maison en payant plus les maçons et moins l'agent immobilier. Pas trouvé les bons interlocuteurs, ça doit pas exister... Ok, mais qu'on ne reproche pas aux chômeurs de vouloir plus devenir agents immobiliers que maçons...
  • Et pour rester bien dans son boulot aussi, il faut être bien encadré. Et ça, je pense que c'est la plus grande faiblesse de l'économie française. Manager les gens, c'est un noble métier, et ce ne devrait pas être un terme péjoratif. Mais dans notre vision des organisations humaines, on n'a jamais dépassé la version hiérarchique, élitiste, rigide d'antan. Si bien qu'on ne sait pas envisager d'autres rôles que celui de petit chef : on a généralement peu envie, ni de jouer ce rôle là, ni de bosser avec. D'ailleurs en écho à ce manque d'imagination, on a toujours cru que pour lutter contre le chômage, il fallait uniquement se concentrer sur l'innovation technique ou la compétitivité commerciale. Comme si on n'avait pas encore compris que pour progresser en foot, l'essentiel avant tout de savoir jouer en équipe, que pour envisager des résultats sur la durée, la virtuosité technique ou athlétique ne se révèlent que dans le collectif ! (quoi, ça aussi, on l'a pas encore compris? :-)   )
    Et ça encore, dans le climat de défiance qui règne dans la société française, le jeu collectif est loin d'avoir le vent en poupe..

La défiance, maladie auto-immune savamment entretenue...
Le péril, dans une aventure collective, c'est quand les individualités qui composent le corps de la population cherchent tous à régner sur les autres, sans jamais assumer leurs responsabilités. C'est quand ceux qui, confortablement installés à la tête, dissolvent lentement la matrice corporelle qu'est l'idée du peuple solidaire, pour le "désactiver", le maintenir passif et servile.
Ils lui désignent en permanence de nouveaux corps étrangers, à combattre, en son sein, pour le maintenir vivant mais inerte, éviter qu'il ne se relève et ne remette en cause ce confort cérébral profiteur et apathique.
Ceci ne pourra tenir éternellement, et on ne connait pas les évolutions, même si l'histoire peut nous faire craindre, au plus fort de la crise, l'apparition du cancer généralisé qu'est le fascisme. On espère juste qu'on est encore immunisé.
Quoi qu'il en soit, en attendant, il est temps de nous engager sur la seule issue souhaitable, même si c'est de façon clandestine, et même si la tête ne nous suit pas.
Il va falloir réellement qu'on se même à re-travailler ensemble. A travailler sur nous-mêmes et à travailler pour nous-mêmes.
Alors l'issue préalable, c'est la réconciliation. Avec nous mêmes, avec les autres.
Allez.... au boulot tout le monde !




mardi 17 mai 2011

"Plus belle leur vie", le feuilleton cauchemar qui ne finit jamais...

DSK mal rasé menotté dans la nuit sous les flashes des paparazzis, qui vole la vedette à l'annonce de la grossesse de Carla, déjà fort impoliment empêchée la semaine dernière par un Ben Laden qui n'avait rien trouvé de mieux à faire que se faire descendre ce jour là...
Quel scénario haletant... Un peu grossier certes, mais c'est le propre du scénario à rebondissements que de nous mener en bateau à coups d’invraisemblances totalement imprévisibles, voire loufoques...

Ah DSK... J'ai été abasourdi comme tout le monde par cet évènement hallucinant, mais n'ayant jamais eu beaucoup de sympathie pour le personnage, ça passera vite. Je comprends la détresse de ses supporters, et ok c'est pas beau de ne pas respecter la présomption d'innocence, mais je voudrais juste souligner que malgré tous les défauts qu'on peut trouver à la justice américaine, sur ce coup là, elle ridiculise le système judiciaire français... Je ne pense pas qu'en France, si un incident avait opposé une femme de ménage noire à un président d'une instance mondiale, ce dernier aurait été traité comme un justiciable ordinaire...
On me rétorquera que ça reste une justice de classes et de races et que c'est simplement l'ostracisme anti-french qui vaut à DSK d'être traité ainsi... Ok, mais ça reste à prouver... Et en tous cas là, j'éprouve une certaine jubilation à voir les américains nous donner une leçon de justice irrévérente et implacable contre l'aristocratie mâle et dominatrice de ce monde...

Ce qui m'attriste quand même, dans cette tragédie, c'est que ça continue à alimenter notre addiction à la dramaturgie du mauvais feuilleton proposé par les puissants de ce monde. Plus que jamais, 2012 sera un nouveau casting télé-électoral  pour élire notre représentant préféré, selon toutes sortes de critères, sauf ceux qui concernent notre destin collectif.
On va, plus encore, se focaliser sur le caractère des candidats, creuser leur vie privée comme des voyeurs du loft story... Chercher en quoi telle anecdote, relatée ici ou là, révèle qu'ils ont des pulsions DSKaïennes ou des gènes Sarkozyens, démontrer en quoi leur pedigree pas n'est pas assez pur pour gouverner (pensez donc, les Hulot et Joly, qui ne font pas assez partie de la caste des politiciens, comment voulez-vous qu'ils soient aptes à gouverner un pays, en particulier "dans la tempête", alors qu'ils n'ont aucune expérience dans les magouilles d'un parti...), et j'en passe.
Mais pour ce qui est de leurs idées, leur projet de société, leur programme... Pas sûr qu'on ait le temps de s'occuper de ces aspects accessoires...

D'ailleurs, il peut se passer n'importe quoi dans la vraie vie, l'important en 2012, c'est de ne pas éliminer de notre feuilleton quotidien notre acteur préféré... Au diable Fukushima, la sécheresse incroyable qui touche la France, la question de l'après-pétrole, la décroissance, la crise mondiale du capitalisme, le chômage... Quand on verra Sarko avec son bébé dans les bras dans toutes les salles d'attente des coiffeurs et des médecins, on sera rassuré. La prochaine saison du feuilleton quotidien, "Plus belle, leur vie" gardera ses meilleurs acteurs, elle tiendra toutes ses promesses...

Oui mes enfants, le cauchemar continue, on n'est pas prêt de voir le bout du tunnel...

Mon côté fleur bleue...

De cette journée,  j'aurais pu retenir cette entrevue furtive avec une femelle triton venant gober une bulle d'air à la surface de l'eau et retournant aussi sec dans les bas-fonds.
J'aurais pu vous parler des fleurs, oiseaux et autres insectes de toutes les couleurs que ce point d'eau attire à lui, alors l'eau se fait dramatiquement rare ces temps ci.
J'aurais d'ailleurs pu vous parler de cette eau qui dort, avec sa couleur d'orage, pour nous faire oublier qu'elle est plus que jamais de l'or bleu.
C'est peut être pour cela que cette journée semblait placée sous le signe du bleu. Moi en tous cas je n'y ai vu que du bleu.

Car il y a depuis aujourd'hui ces fleurs bleues minuscules que je guettais, et qui ne m'ont pas fait faux bond, pour ne pas oublier de penser et penser à ne pas oublier. J'avais pourtant envie d'oublier de penser à cette libellule bleue qui virevoltait autour de moi, en me narguant, comme une résurgence, ça et là, du regard bleu lointain de celle qui hante mon esprit depuis plusieurs jours. Je m'habitue à sa présence, à son absence, je vis avec et je vis sans.



Et, alors que j'allais retourner sur mes pas, le son d'un petit clapotis amusant m'a fait tendre l'oreille.
Je surpris une mésange bleue en train se baigner et s'ébattre nue parmi les roseaux, avant de se cacher, toute ébouriffée, dans l'arbre fruitier juste à côté...
Elle était jolie, ainsi, fragile, dévêtue de son orgueil.

Et je me suis dit que nous aussi, nous serions tellement plus jolis, tous, si nous déambulions dans la vie ainsi, tout nus, débarrassées de notre orgueil.
L'orgueil, ce fossoyeur de relations humaines.
Mais c'est pourtant l'habit qui nous est indispensable. S'en passer fait de vous un individu indécent, méprisable.
Dommage, j'aime bien l'idée d'un monde où l'on vivrait nature, sans fard, sans carapace, en harmonie.... sur la planète bleue.
Mouais, ce doit être mon côté fleur bleue :-)

samedi 7 mai 2011

Séduire.... et assumer

Je suis quelqu'un de très ordinaire. Le gars qu'on croise et qu'on n'regarde pas.
Poinçonneur de lilas à sa manière.
Je reste dans mon blog à tripoter les mots comme il restait dans son trou à faire des petits trous.
Je suis quelqu'un qui, du dehors, semble insignifiant et satisfait de l'être.
Mais qui en dedans ne s'en contente pas.
Car je suis toujours au fond de moi à la recherche d'une petite fenêtre, la moindre lucarne où me faufiler, à l'affût d'un passage dérobé qui me mènerait à une situation d'intimité, quand la perspective me tente.
Sur le qui vive, pour faire des étincelles entre quatre yeux.
Prêt à revêtir ma tenue d'apparat, jouer les gentils garnements, et faire feu de tous les artifices.
Et ainsi trahir mon lourd secret : j'aime séduire et être séduit. 
Oui il n'y a pas de quoi être fier.
La séduction, ça a quand même mauvaise presse, non?
Il y a des jours où je voudrais me débarrasser de ce peu glorieux penchant.
J'ai même pensé que c'était une déviance.
Ou une marque de superficialité.

Séduire, n'est-ce pas manipuler?
Et manipuler c'est déguiser.
Déguiser c'est paraître.
Paraître, c'est ne pas être.
Ne pas être, c'est superficiel.

Et manipuler c'est déformer,
Déformer c'est mentir. 
Mentir c'est tromper.
Tromper c'est abuser.
Abuser c'est 
dérober

Serais-je un donc un bonimenteur inconséquent, fripon coureur de jupons, un Arsène Lupin ordinaire, un gentleman mal intentionné?
Je veux en avoir le coeur net : n'ai-je pas un peu trop le coeur léger?


Après avoir bâclé l'enquête, il est temps de faire mon procès.
S'il est vrai que les faits m'accablent, j'ignore ceux qui me sont reprochés.
Acte d'accusation bien maigre, l'appel à témoin n'a rien donné.
De quoi suis-je coupable, s'il n'y a pas de victimes à déplorer?
Où sont mes mauvaises intentions, si nul n'est là pour en témoigner?
Le procureur qui sommeille en moi me dit tout de même "Le meilleur moment dans l'amour, c'est quand ça commence. C'est sans doute pour cela que les gens comme vous passent leur temps à commencer. "
Ce à quoi je réponds "Le pire moment dans l'amour, c'est quand ça s'arrête. C'est pour cela que les gens comme moi ne s'arrêtent jamais".

Là réside toute la clé : plus que l'éphémère, je préfère la durée.
Je ne suis pas un chapardeur, un cueilleur frénétique qui viendrait dépouiller chaque plante de ses fleurs, sans penser au lendemain.
Si je sème à foison, c'est avant tout pour cultiver.
Si je multiplie, c'est avant tout pour partager.
Je me plais à rêver d'une vie irriguée par la séduction comme la pluie rend la terre fertile, quand elle y trouve la biodiversité. 

Et dans ces mots enfin mon alibi apparait.
Séduire n'est pas travestir, ni déguiser, ni dissimuler, ni tromper,  si séduire est la première pierre d'une œuvre de patience.
Séduire est construire, séduire est inventer. 
Séduire est une promesse qu'il nous faut assumer, ou ne sera que duperie qui à jamais nous compromet.

Certes la séduction est grisante. Mais ce n'est qu'une effluve de ma tasse de thé.
Ce que je préfère, c'est lorsque le temps laisse infuser.
Dans le contact j'aime m'étendre, sans pour autant me diluer.
Je me fais superficie, car c'est là ma seule surface d'échange,
et plus on la rend vaste, plus l'échange est complet.





Séduire c'est « conduire à soi », mais en s'ouvrant à l'autre. 
C'est attirer, en se mettant à la portée de l'autre.
C'est convaincre, en se soumettant au langage de l'autre.
C'est changer de forme, pour pouvoir se révéler tel qu'on est.



Superficiel n'est pas essentiel, mais c'est pourtant nécessité.
Une manœuvre pas malhonnête, que l'on s'empresse trop de juger.
Car si la superficie ne trahit pas le coeur, nous voilà innocentés.
Bref, pas de quoi culpabiliser, dès lors que l'on peut assumer....


mardi 3 mai 2011

Nouvelle modernité...

La modernité est sans doute le concept le plus ancien et le plus ringard, mais qui ne passera décidément jamais de mode. Ça tombe bien, il faut dire que contrairement à pas mal d'autres choses, la modernité semble être un matériau recyclable à l'infini....

Ainsi je ne résiste pas de vous délivrer quelques perles signées Jean-Michel Demetz, dans un article publié dans l'Express quelques jours avant le grand et merveilleux mariage princier qui a ému le monde entier. 

A Londres, le rapport à l'argent est différent: la richesse suscite davantage de respect que de jalousie. (..)
Bien sûr, il y a la crise et une économie au ralenti.(..) 
En ce jour de printemps, pourtant, c'est une autre question qui préoccupe mon interlocuteur londonien: y aura-t-il encore des jonquilles à Pâques? Car un mois de février clément a avancé leur floraison. Et Pâques, sans cette poussée d'or qui illumine les parcs de la capitale, ce n'est plus tout à fait Pâques. Telle est Londres. Aspirant à grandes goulées le souffle de la modernité et fière gardienne de ses traditions. Ouverte à l'appel du grand large et jalouse de ses jardins, publics ou secrets.
(...) renvoie à la fascination qui entoure Londres, la ville-monde. "Londres est la salle de machines du capitalisme mondial", résume le romancier Jonathan Coe. Au-delà des frontières du Commonwealth, cette cité dépourvue de grâce apparente captive, il est vrai, l'imagination des ambitieux de la planète. Venus des mondes émergents, les nouveaux Rastignac - qu'ils se prénomment Igor, Joao, Raj ou Mehmet - partent à l'assaut de la City sans complexes. Car Londres est la cité de tous les possibles. Si Paris préfère l'égalité à la liberté, sa rivale d'outre-Manche inverse la hiérarchie. Ce qui séduit nombre de jeunes Français.
Le statut universel de la langue anglaise, la sécurité renforcée dans les rues grâce aux caméras de vidéosurveillance, la réputation des écoles privées, un régime fiscal clément à l'égard des non-résidents: les raisons ne manquent pas pour que les grosses fortunes mondiales s'implantent ici. "D'autant que le rapport à l'argent est différent", glisse pudiquement un banquier français. Pas de jalousie ou d'envie. Pas de questions indiscrètes, non plus, sur l'origine des fonds. 
Londres ne cesse de se réinventer. A Shoreditch, comme dans d'autres quartiers en proie à une effervescence créatrice dans les domaines de la mode et du design, un nouveau lifestyle britannique s'épanouit. Une nouvelle modernité. Un nouveau modèle ? 

Amen. 
Ainsi notre avenir est là bas. 
Ouvriers et paysans, main dans la main avec les patrons : nous deviendrons tous traders à la City.



Oui, il suffira donc que chaque humain de la planète vienne faire fortune à Londres, sans se faire de noeud au cerveau à propos de l'odeur que l'argent n'a pas, au milieu des jonquilles, loin des crises environnementales, sociales et climatiques (accessoirement provoquées par cette salle des machines du capitalisme mondial), pour que notre avenir soit à nouveau radieux.

Assurément, un observateur étranger, de la trempe de Jean Michel Demetz n'aurait pas dit autre chose, à la veille du mariage de Louis XVI, en se promenant dans les jardins de Versailles.
"Paris ne cesse de se réinventer. A Versailles, comme dans de luxueux hôtels particuliers en proie à une effervescence créatrice dans les domaines de l'apparence et du raffinement, un nouveau french style royal s'épanouit. Une nouvelle modernité. Un nouveau modèle ?