dimanche 26 août 2012

Du vent dans mes mollets

Je ne vais pas souvent au cinéma. La ville provinciale de moyenne importance à côté de laquelle j'habite n'étant dotée que, comme beaucoup d'autres, d'un unique multiplexe monopolistique, il est rare que la programmation coïncide avec mes aspirations, et tout autant, mes disponibilités.
Vendredi soir j'y ai vu pourtant une jolie pépite.
Un film d'enfants de ma génération, qui parlera donc à tous les jeunes quadragénaires, qui se sont éveillés à la réalité du monde à la fin des 70's, à l'époque des R16 jaune citron, des slows sirupeux des films d'adolescents français sophimarcisés, et de moultes autres détails jubilatoires.

dimanche 19 août 2012

Une jolie rencontre estivale...


Oui, vous connaissez mon penchant pour les jolies créatures aux courbes féminines raffinées... On en trouve beaucoup dans le sud, aux abords des piscines en particulier... 

Loin de l’exubérance que l'on prête souvent aux habitants de la région, la rainette méridionale est particulièrement discrète... Sans son autorisation, je vous publie les photos que j'ai faites d'elle, juste pour le plaisir des yeux...
























mardi 14 août 2012

L'impatience, comme la lucidité, ça s'acquiert avec l'âge

Ce souvenir enfoui avait resurgi à la lecture d'un billet de Comme Une Image sur ses amours de jeunesse.
Je reprends ici le témoignage que j'avais laissé là-bas, car outre le côté savoureux de l'anecdote, je m'aperçois qu'il est plus riche d'enseignement qu'il y parait (oui, et les esprits malins pourront toujours relever qu'un souvenir de collégien est toujours riche d'enseignement !)

En classe de 5ème, il m’était arrivé un truc assez dingue avec une inconnue.
Une fille très discrète, que les garçons ne remarquaient pas spécialement. Nos regards s’étaient accrochés, par hasard, comme dans une pub. Nous nous étions tapés dans l'oeil, au point que nous ne pouvions dès lors plus nous croiser sans partager un regard réciproque le plus longtemps possible…
J’en étais tombé fou amoureux… On n’était pas dans la même classe, on ne s’était jamais parlé, et on a passé plusieurs mois ainsi, à se croiser du regard, partout, silencieusement, à chaque interclasse. Je connaissais son emploi du temps par coeur, je savais où on allait se croiser, quel couloir, quel escalier, et j’étais abattu le jour où elle était absente… Ma vie au collège était minutée pour elle..
Je savais comment elle s’appelait, où elle habitait, sans jamais lui avoir jamais parlé, ni n’en avoir jamais parlé à mes copains ni ma famille…

Un jour de juin, effrayé d’envisager la séparation des grandes vacances, je guettais le moment dans la cour de récréation où elle se retrouverait seule pour enfin l’accoster. Je me rappelle avoir senti mon coeur battre de plus en plus fort et ma gorge se serrer toujours plus au fur et à mesure que je m’approchais d’elle, en slalomant parmi les autres pour l’atteindre, tentant le tout pour le tout, conscient que je jouais à quitte ou double...

Les seuls mots qui réussirent à sortir furent un pathétique « Carole, tu veux pas sortir avec moi? ».
Se montrant impassible malgré la soudaineté de mon jaillissement, et l’aridité de ma conversation, elle répondit calmement « Non ». « Non? » bredouillai-je, alors que j’avais l’impression que tout s’effondrait autour de moi… « Non » répéta-t-elle avec un léger sourire gêné.
Je lui tournais le dos et n’osai plus jamais croiser son regard, ni les jours suivants, ni les années suivantes où nous nous côtoyions encore au collège… 

Voilà.
Je me souviens aussi avoir été consolé par les plus belles filles de la classe qui m'avaient trouvé éteint les jours suivants, mais je ne m'en suis à peine rendu compte. J'étais inconsolable, indifférent à leur gentille attention. Et aujourd'hui rétrospectivement ça m'étonne. Comment ai-je pu être si intègre, désintéressé, comment ai-je pu passer à côté de tant d'autres aventures?

J'étais jeune certes. Avoir passé des mois à désirer de cette façon était délicieux, mais je ne me reconnais pas dans la démarche. Moi qui aime tant communiquer, explorer, courtiser.. Comment ai-je pu me montrer si patient? Si passif? Si peu entreprenant, et au final si maladroit?
Je prends conscience que je baignais dans une douce ivresse, de cette jolie histoire si mignonne et romantique. C'était agréable, j'étais bien. J'avais le temps, mon inexpérience pour seul bagage, et le luxe de pouvoir expérimenter à ma convenance.

Autant de choses qui ont changé aujourd'hui. Non pas que je sois devenu un homme pressé. Mais pas loin.
La vie est courte et le monde est vaste. J'ai en moi une énergie qui déborde pour ne pas me bercer d'illusions et de mirages, de paradis artificiels à base d'extraits de sentiments dilués. Je veux de l'huile essentielle de rapports humains, intimes, authentiques, sans faux semblants ni artifices. Je cherche instinctivement la communication sans fard, celle qui fait gagner du temps, même si de temps en temps ça nous en fait perdre aussi. 
Je suis sans doute devenu trop pressé. Mais ma vie ne m'offre plus de fenêtre assez large pour flâner.
Je rêves parfois de ces scénarios d'ivresse en cinéma muet, de ces dialogues d'yeux bavards, de ces drôles de tempêtes magnétiques qui vous désaxent les pupilles de façon intempestive au hasard des croisements fortuits.

En revivrai-je un jour? Je ne sais... 
L'âge m'ayant fait acquérir une impatience à toute épreuve, une frivolité sans faille, et des yeux débarrassés de promesses. Si l'on y ajoute une vie dénuée de surprise et de brassage relationnel, cela fait pas mal de contre-indications pour l'homme que je suis devenu...







samedi 11 août 2012

Communication tout court

Ça fait pas mal de temps que j'adore communiquer.
Depuis tout petit en fait.
Pourtant je suis quelqu'un de très solitaire, indépendant, parfois même renfermé.
Mais dès qu'il s'agit de dénouer des sacs de noeuds tissés à partir de mots échangés, j'accours.
Les prises de tête ne m'ont jamais fait fuir, au contraire, elles me stimulent !
Ça doit être pour ça que j'aime la complexité sentimentale dans laquelle je baigne.
Un jour, une ex-copine que j'ai recroisée longtemps après notre rupture, et à qui j'exposais ma nouvelle philosophie d'amours plurielles (non sans arrière-pensées, voire avec le secret espoir de la faire réembarquer dans ma galère), me dit : "le meilleur moment dans l'amour, c'est quand ça commence, c'est pourquoi on aime commencer le plus souvent possible". Je n'étais pas complètement d'accord avec elle, parce que certes je ne suis pas insensible à l'ivresse du début, mais parce que sincèrement ce serait réducteur, et faux d'insinuer que je pourrais être un adepte du zapping sentimental.
En fait chez moi, ce que j'aime, c'est surtout quand ça ne se termine jamais.
Toujours faire en sorte que cela continue. C'est là qu'on a les plus beaux défis à relever, les prises de tête les plus jouissives, les casse-tête les plus excitants !
J'éprouve d'ailleurs une certaine fierté vis à vis du fait qu'on ne pourra trouver sur la planète aucune personne qui soit fâchée contre moi. Même celles avec lesquelles j'ai vécu une rupture amoureuse douloureuse, gardent je pense une bonne image de moi et réciproquement, et il en faudrait peu pour qu'on parle d'amitié aujourd'hui.

Récemment, il semble pourtant que j'aie échoué dans cet exercice.
Et c'est d'autant plus triste et vexant, que je croyais avoir progressé dans l'art de communiquer. Dans la maîtrise de moi-même, dans mon expression, bref tout ce qu'il faut mettre en oeuvre pour ne pas laisser les conflits gâcher de jolies relations patiemment élaborées.

Je ne suis pas fan des grandes théories et autres approches techniques, surtout dans ce registre. Mais je dois avouer que c'est pourtant bénéfique. Il y a quelque temps en effet, j'ai fini par accepter de lire des bouquins pour compléter mes intuitions et mon savoir-faire autodidacte. C'est ainsi que j'ai découvert les concepts de "communication non violente", de "non-jugement", etc... qui ont bien élargi, complété, consolidé ma façon de communiquer. Au boulot, à la maison, j'ai pu constater certains progrès.

La communication non violente, si je peux le résumer ainsi, ça consiste en quelque sorte à renoncer au monopole de l'objectivité qu'on s'adjuge en général quand on affirme quelque chose.  L'enjeu revient à toujours exprimer ce que l'on veut exprimer, en mentionnant bien que cette expression est le fruit de sa propre perception, subjective, et qu'elle n'est en aucun cas un verdict absolu qui placerait de fait votre interlocuteur dans le choix inconfortable et binaire d'acquiescer de façon docile ou de contester de façon brutale.

C'est un fait, à l'état brut, notre communication est violente. Même si on est poli, courtois, respectueux. On n'y échappe pas. C'est notre fonctionnement mécanique. Spontanément, quand on s'exprime, on délivre un ensemble de jugements. On publie un réquisitoire, un verdict, sans avoir permis à notre interlocuteur d'assister au procès. Elle ne donne à l'interlocuteur que le choix entre la soumission ou le conflit. C'est comme si, quand on donnait la main à quelqu'un, on lui faisait en fait une clé de bras. S'il reste docile tout se passe bien, s'il résiste à ce petit tour de force, s'en suit un bras de fer potentiellement douloureux.

Bref, conscient de tout cela, j'ai voulu mettre à profit mon savoir faire dans un épisode où j'ai été blessé par l'attitude maladroite de quelqu'un. J'ai voulu faire savoir ce fait à la personne, afin d'acter le regrettable incident, dans le but de me rassurer sur le fait que cette maladresse resterait isolée, que ce n'était pas le fruit d'une indifférence nouvelle à mon endroit. 
Comme je ne recule devant rien (et que je n'avais pas vraiment le choix), ce dialogue s'est fait à l'écrit. Gros handicap, certes - l'écrit nous prive de toute la communication non verbale qui est bien pratique comme vecteur de la bienveillance et de l'empathie - et en même temps, c'est un mode que j'apprécie beaucoup, car l'écrit favorise le recul, l'expression de la raison, la rigueur et la patience pour tout expliciter, en nous laissant le temps d'assimiler nos émotions et éviter que celles ci ne fassent trop de dégâts.

J'ai donc cherché à évoquer l'incident en prenant soin de n'exprimer aucun reproche, de simplement exprimer mon ressenti. Mais cette démarche a apparemment été interprétée comme une manœuvre culpabilisatrice qui a froissé l'orgueil et ou la conscience de la dite personne. Dès lors le dialogue a été extrêmement difficile et encore plus blessant.

Sans doute ai-je été maladroit dans mes formulations. Sans doute ai-je mal contenu une colère résiduelle, initiée par la vexation initiale, puis entretenue par le constat d'impuissance. Impuissance à obtenir de mon interlocutrice ce petit zeste de considération et de bienveillance qui m'aurait tant apaisé. Cette colère a sans doute insinué dans mes mots quelques relents de méchanceté, sous forme de questions perfides faussement naïves ou autres sous-entendus insultants, et mon interlocutrice aura raison de me reprocher de ne pas assumer cette méchanceté. Mais ce serait la ronce qui cache la forêt. Dans le doute j'ai réanalysé tout le dialogue, et ma conclusion est que cette méchanceté est restée bien marginale et anecdotique vis à vis de tout ce que j'ai pu exprimer.
Bref, le reproche qui m'a été fait de me victimiser pour ne pas reconnaître mes torts, ne pas assumer mes propres fautes est le fruit d'une interprétation bien malheureuse, à l'opposé de mes intentions plutôt louables... Joli gâchis, peut être irréversible selon que ce dialogue renaîtra un jour de ces cendres, ou pas...
  
Et qui me fait dire qu'à mon niveau, je ne saurais jamais atteindre la communication idéale, celle qui me permettra de me faire comprendre par n'importe quel interlocuteur, quel que soit son état d'esprit du moment et sa bienveillance à mon égard.

Je suis encore à un stade où un dialogue ne peut être bon que si on est deux. Or si j'arrive à dépouiller mon expression des jugements qui peuvent la polluer, je ne sais pas encore éviter les interprétations parasites.
L'interprétation est le poison symétrique du jugement, c'est ce que je viens de comprendre. Ce sont tous deux des réflexes qui nous animent et nous gouvernent, au sens où ils déterminent la trajectoire de nos dialogues et on court derrière leurs effets.
Comment amener son interlocuteur à être en situation d'écoute bienveillante, à se concentrer sur ce qui est dit, pas sur les non-dits? A analyser l'information explicite et non spéculer sur ce qui n'est pas énoncé. Comment mettre l'interlocuteur en situation de confiance et de bienveillance, prendre le temps de le mettre à l'écoute, surtout quand nos émotions poussent au portillon pour nous faire exprimer le ressenti du moment?
Dois-je me résigner à l'idée que les conflits irrésolubles (inrésolvables?) sont des accidents de parcours inévitables dans l’existence?  Que des issues irréversibles peuvent être déclenchées par des évènements futiles ou dérisoires en apparence, mais peut être plus riches en signification sur le fond, et que l'on y peut rien? Qu'est-ce qui provient de nos limites "communicationnelles" accidentellement atteintes, qu'est-ce qui provient d'une inadéquation relationnelle plus profonde?
Voilà un enjeu stimulant sur lequel j'ai tout à apprendre...