mardi 19 juillet 2011

Lynchons la norvégienne...

Aux armes, téléspectateurs
Une fois encore, c'est bien parti, le climat s'y prête.
L'été s'ra chaud, l'été facho.
Comme l'année dernière.
Il y a un an c'était les Roms, cet été ce sera la Norvégienne. 
Sus à l'ennemi intérieur.
Eva sera notre nouvelle Marie-Antoinette. 

Trafiquer en paix
Mais on n'est plus en 1789. Cette fois-ci la jacquerie arrange les puissants.
Ils sont du côté de la foule lyncheuse. Pour ne pas dire qu'ils en sont les meneurs.
Les marchands de canon battent le pavé, avec la foule, pour sauver son défilé de majorettes, menacé par une arrogante norvégienne. Ce n'est pas qu'un combat symbolique, notez bien que si on la laisse faire, elle ne s'arrêtera pas là. Il ne manquerait plus que cette juge à la retraite vienne nous empêcher de fabriquer, vendre des armes, et les bakchichs qui "fluidifient" la politique française, en paix.

French Style
Pauvre France qui, en 30 ans, est passée de "Touche pas à mon pote" à "Touche pas à mon tank".
Qui était fière d'être un exemple à suivre pour les peuples du monde entier, et qui aujourd'hui a peur de tous ces peuples et cherche à se recroqueviller, nostalgique d'un passé pourtant pas si glorieux, à veiller sur ses clochers d'église de peur qu'ils ne soient remplacés par des minarets...
Mais non, papi et mamie, on va pas vous le supprimer votre défilé militaire... Vous les verrez les beaux soldats, en treillis de parade. Vous pourrez continuer à voir passer les chars Leclerc et des toute la quincaillerie de Dassault, meuh oui on a la plus belle armée du monde, là sur les Champs Élysées... 

La France, tu la comprends ou tu la quittes.
Mais tu nous dis pas ce qu'il faut faire et ne pas faire, hein, Eva?
T'avais pas entendu Coluche qui nous disait pourquoi les français avaient choisi le coq comme emblème? Tu sais cet animal fier et hautain qui ne ferme jamais sa grande g... et se la pète alors qu'il a toujours les pieds dans la m...? 
Faut pas nous empêcher de bomber le torse sur les Champs, nous, hein? On est des gaulois bien virils, des guerriers bien barbares, hein, pas des mauviettes !
Bon et si t'as toujours pas compris qui on est, y a cette chanson de Brassens. Plus vraie que nature.

La ballade des gens qui sont nés quelque part

C'est vrai qu'ils sont plaisants tous ces petits villages
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
Ils n'ont qu'un seul point faible et c'est être habités
Et c'est être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts
La race des chauvins, des porteurs de cocardes
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Maudits soient ces enfants de leur mère patrie
Empalés une fois pour toutes sur leur clocher
Qui vous montrent leurs tours leurs musées leur mairie
Vous font voir du pays natal jusqu'à loucher
Qu'ils sortent de Paris ou de Rome ou de Sète
Ou du diable vauvert ou bien de Zanzibar
Ou même de Montcuq il s'en flattent mazette
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Le sable dans lequel douillettes leurs autruches
Enfouissent la tête on trouve pas plus fin
Quand à l'air qu'ils emploient pour gonfler leurs baudruches
Leurs bulles de savon c'est du souffle divin
Et petit à petit les voilà qui se montent
Le cou jusqu'à penser que le crottin fait par
Leurs chevaux même en bois rend jaloux tout le monde
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

C'est pas un lieu commun celui de leur connaissance
Ils plaignent de tout coeur les petits malchanceux
Les petits maladroits qui n'eurent pas la présence
La présence d'esprit de voir le jour chez eux
Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire
Contre les étrangers tous plus ou moins barbares
Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Mon dieu qu'il ferait bon sur la terre des hommes
Si on y rencontrait cette race incongrue
Cette race importune et qui partout foisonne
La race des gens du terroir des gens du cru
Que la vie serait belle en toutes circonstances
Si vous n'aviez tiré du néant tous ces jobards
Preuve peut-être bien de votre inexistence
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Georges Brassens   1972

mercredi 13 juillet 2011

Oh pétard !


Allez-y les gars, lâchez-vous !
En voilà un 14 juillet qui aurait de la gueule, non?

Pendant ce temps, un gars nous explique sereinement qu'il "est urgent pour la France de choisir un président exceptionnel."
et de nous expliquer sans rire "Afin d'accomplir cette traversée, les citoyens choisiront le plus sérieux des pilotes, même s'il s'appelle... Sarkozy.
 avant de conclure par cette conclusion cauchemardesque " faire passer l'opinion du TSS - "Tout sauf Sarkozy" - au SMT - "Sarkozy malgré tout" ?  "

Si le destin d'un pays ne tient qu'à un homme, alors il est temps d'en changer, car le moins qu'on puisse dire, c'est que vu les années passées, le destin de la France aura été le cadet de ses soucis...
Et si comme moi, on considère que le destin d'un pays dépend avant tout de l'organisation collective et de l'état d'esprit qui y règne, là aussi tout milite à remplacer le plus haut responsable, car c'est le pire manager qu'on ait jamais eu... Division, humiliation, paternalisme, règlements de compte et magouille sont les pires ingrédients pour rendre un collectif performant...
Dans tous les cas faire sauter l'usine oui, ou à la rigueur légaliser le cannabis pour redonner un avenir à la filière française...

dimanche 10 juillet 2011

Normes de sécurité et autres barrières à ne pas franchir

C'était dans un monde dans lequel chaque couple ne donnait naissance qu'à un enfant unique.
L'enfant était sacré. C'était la plus belle chose qui pouvait arriver aux jeunes gens. Faire vivre une famille centrée et resserrée sur cet enfant.
Donner naissance une fois et faire vivre ce lien sacré jusqu'à la fin de ses jours.

Bien sûr, dans les faits, il pouvait arriver que l'enfant unique se fâche avec ses parents, et que cette brouille laisse aux uns et aux autres un sentiment d'échec indélébile. Discrètement, en dissimulant leur sentiment de honte, les parents reniaient leur enfant et alors en concevaient un autre.
On fermait les yeux là dessus, c'était des choses qui arrivent. L'important c'était de se focaliser sur les destinées réussies. Cette espérance de l'enfant sacré faisait vivre les jeunes couples au fil des générations.

Un jour un couple iconoclaste annonça une décision choquante : ils allaient avoir un deuxième enfant, sans renier le premier.
Les réactions les plus virulentes de leurs pairs ne se firent pas attendre.
- Comment, vous n'aimez plus votre enfant? Quelle horreur ! Ayez au moins le courage de le renier !
-  Soyez réalistes, ça finira mal !  Forcément le premier sera moins aimé, il ne va pas le supporter. Un enfant c'est intrinsèquement jaloux, un enfant ne sait pas partager !
- Aimer plus, c'est aimer moins ! Le bonheur et l'amour ne se multiplient pas, vous allez vous faire de l'ombre, il faudra vous rationner !
- Vous êtes dans l'illusion consumériste ! Et on ne fait pas des enfants comme on va au supermarché, pour alimenter une collection ! Satisfaites-vous de ce que vous avez !
- Comment peut-on aimer plusieurs enfants à la fois? C'est irresponsable ! Vous allez tous les rendre malheureux... Vous êtes dans l'utopie et vous ne pourrez pas assumer !

L'histoire ne dit pas ce qu'il advint de leur projet.

On aurait bien aimé les aider à se libérer de cette norme ancestrale qui les persuadait qu'une famille ne pouvait être épanouie que de cette façon.
Mais nous ne pouvions pas nous faire entendre.

Alors il ne restait qu'à espérer que petit à petit cette norme se desserre, que de jeunes parents se mettent à oser, à expérimenter, et vérifier qu'une famille pouvait être épanouie dans une diversité plus large. Se rendre compte que s'affranchir de cette norme de sécurité ne faisait pas forcément vivre plus dangereusement. Qu'élargir le cercle de son rayonnement ne diluait pas ce rayonnement. Que l'unicité n'était pas supérieure à la multiplicité. Que ça diminuait sensiblement le risque de reniement, cette issue si terrible pour chaque individu... Bref qu'un écosystème ouvert pouvait être plus protecteur et durable qu'un cocon fermé.

Heureusement que dans notre monde à nous, nous n'avons pas hérité d'une telle norme qui polariserait tant notre façon de penser, que nous réagirions mal à toute idée qui nous en dévierait...




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Modeste petit conte inspiré par la virulence des réactions lues ici.
Où la radicalité de certains, sans doute pourtant parmi des esprits progressistes, semble révéler une intolérance vis à vis de mœurs déviantes, proche des milieux réactionnaires traditionnels. Lesquels ont en ce moment un autre souci avec des thèmes hors-normes...
Non pas pour alimenter la polémique, ni entretenir cette partie de ping pong de jugements mutuels, mais parce qu'elle me fait prendre conscience de l'inconfort que l'on ressent lorsqu'une norme est mise à mal par des idées iconoclastes. Qu'est-ce qui nous donne tant d'énergie à sortir les griffes pour remettre les autres dans le droit chemin? Sans doute se sent-on dépossédé d'un peu de notre patrimoine commun, ou juste pris de cours, je ne sais pas...