vendredi 17 juin 2011

Précautionnite aigue, catastrophisme ambiant, et les grecs...

Entendu ce matin, cette chronique sur France Inter.
Une énième rengaine sur la frilosité des français, ces froussards qui font rien qu'à avoir peur de tout.

Du concombre allemand, du téléphone portable, des centrales nucléaires, de la grippe A. Qui aurait cru que le pays de la philosophie des Lumières, de la « raison éclairée » et du positivisme serait contaminé à ce point par la frilosité et la crainte ? Contaminé au point d’avoir inscrit le principe de précaution dans sa Constitution.
Bah oui. Être obligé de graver dans les lois qu'on ne peut pas faire tout et n'importe quoi, si c'est pas malheureux.... Comme si ces dernières années, on avait connu des crises sanitaires ou environnementales qu'on pourrait imputer à la frénésie du court-termisme et à l'avidité, au point d'avoir à expliciter la notion même de précaution... Curieux non?

La faute aux français certes...  mais également à ceux qui les gouvernent...
Transformés en Super Nanny, (la peur) permet (aux hommes politiques) de renforcer leur pouvoir sur les citoyens que nous sommes. Et puis, l’émotion est souvent plus payante électoralement que la raison. 
C'est pas faux....
Et notre chroniqueur de s'inquiéter du brouhaha qui entretient ce manque de sérénité...
La société actuelle a tendance à surévaluer les faibles probabilités pour mieux exagérer les menaces. Tout discours sensé et scientifique est devenu inaudible. Les discours catastrophistes prolifèrent sur ce terreau irrationnel
C'est vrai ça, on est devenu complètement paranoïaque, comme si dans ce pays on avait soudainement plus confiance en personne, comme si on se sentait trompés par tous...

On devient suspicieux, comme si on craignait que l'argent, telles les molécules des laboratoires Servier, soit une substance miracle en apparence, mais aux effets indésirables dramatiques, de ceux qui brouillent les messages scientifiques, qui biaisent les raisonnements, rendent roublards et avides les hommes aux apparences si respectables...

On est dubitatifs et craintifs sur la fiabilité ou l'intégrité de nos institutions, comme si l'administration de la République pouvait un jour se voir soupçonner d'accorder une certaine mansuétude fiscale à l'égard des donateurs du parti présidentiel...

On se met à douter, comme si les juges antiterroristes du pays se mettaient à désigner des kamikazes d'Al Quaïda comme coupables idéaux, en négligeant leur enquête, de peur qu'on se mette à soupçonner des affaires de corruption au sommet de l'Etat...

Comme si les hautes instances de la justice passaient plus de temps à chercher des poux aux juges qui font leur boulot qu'à sanctionner les hauts responsables politiques se laissant aller à des écarts de parole délictueux...

Comme si les hautes instances de régulation de l'économie mondiale se laissaient embobiner par des agences de notation infaillibles qui font la pluie et le beau temps en attisant de pas si lointaines crises économiques internationales ....

Oui, c'est curieux tout ça.... Des craintes et des peurs totalement injustifiées, irrationnelles...

Des angoisses étranges.... Comme si le jour même, le journal dans lequel travaille notre chroniqueur se mettait à faire des unes particulièrement anxiogènes... Comme si pour les journaux aussi, l’émotion était souvent plus payante commercialement que la raison...


Comme si le chroniqueur avait annoncé cette une à l'animatrice de l'émission, à la fin de la chronique, sans réaliser toute l'ironie que cela jetait sur le reste de sa chronique. Comme s'il ne s'était pas rendu compte à ce moment là que dans toute sa chronique parlant de la peur, il n'avait pas une fois cité le mot confiance....

Comme si les chroniqueurs et les décideurs de ce pays ignoraient que l'honnêteté et le respect étaient les clés de voute d'un climat de confiance, et que ce climat de confiance soit la base du bien-être individuel et collectif... Que sans bien-être individuel et collectif, pas d'épanouissement, pas de créativité...
Comme si d'ailleurs les chroniqueurs et les décideurs de ce pays avaient un peu tout perdu à la base...




lundi 6 juin 2011

Il n'y a pas de hérissons sans épines (aka Usclade en boule au parc d'attractions)

On a été en famille au parc d'attractions. Ça faisait longtemps qu'ils nous le réclamaient.
Il y a quelques années, une journée sur ce site m'avait agréablement surpris au point de démonter mes préjugés sur les parcs d'attractions... Arboré, vaste, tranquille, il n'avait rien des clichés que je m'en faisais. Et puis un hérisson bien de chez nous, c'est quand même mieux qu'une souris impérialiste de chez les ricains, hein?
J'y suis donc retourné cette fois ci la fleur au fusil...
Un peu trop fly-fly hélas : j'ai vite été refroidi par les bouchons à quelques km du parking. Faut il que je sois insouciant ces temps-ci pour oublier la notion de pointes de fréquentation, et faut-il que je prenne mes désirs pour des réalités pour m'être convaincu que ces concepts de divertissements industriels étaient has-been et n'attiraient plus personne...
Quelle erreur d'appréciation : c'était même pas un bain de foule, c'était une immersion suffocante...

Alors que ma petite famille exemplaire rêvait patiemment de monter dans les montgolfières folles ou la chenille saoule, moi je n'ai pas attendu pour m'offrir d'emblée une séance d'auto-blâme sans retenue, mêlée à une partie de blastage de mes contemporains. Avant même d'avoir pénétré dans l'enceinte du parc, dès la première session d'attente (les caisses à l'entrée, quel plaisir..), j'étais déjà en train de grommeler et dégommer du quidam sans retenue...
Non mais quelle idée de planifier cette journée le jour de la plus forte affluence annuelle (j'en suis sûr) ! On est trop cons ! Et tous ces blaireaux autour, là qui ont fait des centaines de km pour venir s'entasser comme des boeufs, le bilan carbone, ça vous parle? (bah oui, nous on était des autochtones, on a fait que 40 bornes, c'est différent).
Et puis de quel droit ces marchands de divertissement nous prennent-ils, à chaque attraction, une demi-heure de mon temps, si précieux, à me maintenir immobile à la queue leu leu avec mes mioches, décidément surprenants de discipline, alors que je pourrais profiter gratuitement de mon temps libre ailleurs? J'ai fait mon service militaire sans broncher y a quinze ans, j'ai déjà donné, bordel sacrebleu !
Et puis tout est si artificiel ici, carton pâte, gaspillage, concentration, caricature... vision pornographique du monde ambiant...

Mes enfants, j'aurais tant voulu vous protéger de tout ça...
Vous qui semblez si insouciants là... Euphoriques, mêmes.
N'êtes vous pas effrayés d'aller vous fondre dans la foule ? Moi cette marée humaine oppressante me terrorise....

(bon, heureusement leur sourire contagieux n'a pas tardé à me dérider...)
Allez zou, c'est parti pour un tour de hérisson...


Ok les enfants vous avez gagné, vous allez voir votre cow boy de papa se ridiculiser sur un faux taureau vraiment pas confortable dans une (très courte) séquence de rodéo d'anthologie...

Ah non Nono, ça fait 25 minutes qu'on attend patiemment pour les embarcations tamponneuses, il ne reste plus que 27 personnes devant nous là, on va embarquer dans moins de 7 minutes, c'est vraiment pas le moment !
"Pipi !!!!"
(finalement, quand on est poli avec les gens, ils acceptent sans problème que je soulève mon petit par la peau du cou en urgence pour arroser les buissons qui délimitaient la file d'attente)
T'as raison fiston, même au beau milieu du troupeau, faut jamais oublier de marquer son territoire...

Mais non, Guitou, tu vas pas donner ta crème glacée qu'on-a-payée-une-fortune-même-si-elle-est-pas-terrible au dinosaure, hein? Tu vois bien que c'est un faux, là !!!

Bref, que d'aventures...



Pour un ratio vraiment médiocre... environ 5h d'attente, 2h de marche pour moins de 50 minutes de divertissement, on s'est quand même bien amusés... Et au moins ça vous a appris la patience, hein, ce truc que votre vieux père n'a jamais réussi à acquérir...
Et puis ça a vraiment magnifié le meilleur moment, le plaisir ultime, celui qu'on ressent quand on remonte dans sa voiture pour rentrer, enfin... Ah quel pied...

Ben ma chérie, pourquoi tu fais la tête? Tu t'es pas bien amusée?
Oui tu voulais t'arrêter dans les boutiques, je sais...
Mais on t'a déjà expliqué avec maman, ce n'est pas important les babioles, ces boutiques sont des attrape-nigauds, tu vois bien. Je sais que tu voulais t'offrir un hérisson en peluche avec ton argent de poche, mais regarde, à la maison, on a déjà tellement d'objets inutiles qu'on n'arrive plus à les ranger, ils nous envahissent, on peut plus bouger !
Ok t'es pas convaincue... t'en veux à tes vieux...
Mais ça ne justifie pas un tel chagrin tu sais...
Allez sèche tes larmes ma chérie, tu vas émouvoir tes p'tits frères (en vérité c'est moi qui me sens monter les larmes, là)
Ma chérie, mais non, c'est vrai ça s'appelle souvenirs, mais ces objets qui polluent ne sont pas des vrais souvenirs. Les souvenirs ils sont déjà dans ta tête, c'est tout le bonheur qu'on a eu ensemble... Remémore-toi ton petit frère qui battait des ailes d'excitation comme un oisillon quand la chenille saoule s'élançait dans le vide, ou ton autre frère qui était tout heureux de réaliser que les montgolfières folles volait dans tous les sens et qu'il n'avait même pas le vertige ! Est-ce que ce Riton le hérisson en peluche fabriqué en Chine sait tout cela? Non, il a aucun de tes souvenirs !
Tes souvenirs, ils sont seulement dans ta mémoire et tu pourras les partager avec les autres en les dessinant sur du papier... C'est à toi d'écrire le livre de tes aventures chez Riton le hérisson ! Pas à un pauvre ouvrier, à l'autre bout du monde, qui n'est jamais venu par ici !

Au regard noir qu'elle me lança, je compris qu'elle n'avait que faire de mes sermons.
Pas facile d'avoir des parents rabat-joie et intégristes.

Pourtant le soir, j'eus un véritable réchauffement au coeur, de ceux qui vous rendent le plus heureux des papas, quand elle arriva vers moi, avec une dizaine de feuilles mal agrafées...
"Papa, regarde mes dessins...."






dimanche 5 juin 2011

Le cancer (suite)

Argghhh, voilà donc comme prévu la deuxième salve...
Où l'on apprend que "70% d'entre nous" plébiscitons l'affirmation comparant l'assistanat au cancer de la société...
C'est vrai qu'à côté l'évasion fiscale, le manque d'eau, le fait qu'il n'y ait plus d'animaux dans la rivière en bas de chez moi parce sans doute l'eau qui ruisselle des champs autour ne leur plait pas, la sécheresse incroyable qui sévit en Europe, les milliers de bêtes qu'on va abattre parce qu'on a jamais pensé à faire des réserves d'eau l'hiver au cas où le printemps serait sec, le fait qu'en 2010 on a jamais émis autant de CO2, notre dépendance à la bagnole, la pollution urbaine, notre incapacité à accepter de ralentir pour polluer moins,  notre dépendance au nucléaire, l'insupportable comportement de notre classe politique qui passe son temps et toutes ses préoccupations à magouiller et niquer ses adversaires pour la prochaine échéance électorale, notre incapacité à produire les choses à leur juste coût, notre importation maladive et compulsive de biens de consommation inutiles depuis la Chine, les nouvelles souches résistantes aux antibiotiques.. bref tout ça ne sont que des péripéties...
Oui tout cela n'est qu'anecdotique par rapport au vrai fléau : le chômeur qui, depuis son divan, menace l'avenir de l'humanité (et surtout symboliquement notre feuille d'impôt, ça c'est inadmissible) ...

Mouais.. si vraiment ils arrivent à faire de cette polémique magnifique, belle comme un article subtil du Figaro,  un thème de campagne, alors ça montrera qu'il ne faut plus rien attendre de notre prétendu système démocratique....