vendredi 30 juillet 2010

Irréprochable n'est pas incorruptible...

Vous avez sans doute pris connaissance il y a quelques jours de l'information du Canard Enchainé sur le projet de remboursement de la dette Chirac à la ville de Paris par l'UMP. Peut-être vous êtes-vous interrogés, comme moi, sur l'intérêt qu'il y avait, pour l'UMP (dont le patron moral n'est autre que celui qui clamait haut et fort, pour se faire élire, qu'il fallait rompre avec la Chiraquie), de faire cette fleur à Chirac.
A un article du site Le Post qui évoquait cette affaire, j'ai déposé un commentaire pour évoquer une hypothèse née de mes interrogations. Hélas pour moi, elle a été censurée par les modérateurs de la société netino.com pour son caractère diffamatoire.
J'ai trouvé ça assez curieux, car j'y disais simplement ceci:

Cet article me semble incomplet, voire pernicieux car il met le projecteur sur Chirac et sous-entend que Sarkozy est clean comme de l'eau de roche. Croyez-vous que Sarkozy se montre généreux avec Chirac par solidarité corporatiste entre présidents, par pur altruisme ou pour sauver l'honneur du RPR?
Outre Chirac, comme l'indique Le Monde, parmi la foultitude de micros partis, l'UMP arrose aujourd'hui Pasqua et Millon. Est-ce vraiment pour favoriser le dynamisme démocratique, la diversité et l'innovation idéologique de l'UMP, comme nous l'indique ces messieurs de l'UMP?

On peut se poser la question, quand on sait que Sarkozy est mouillé jusqu'au cou dans l'affaire de Karachi, pour le financement de la campagne de Balladur de 1995. Affaire bien plus grave encore que les enveloppes de Bettencourt.

Souvenez-vous que quand Sarkozy a été investi par l'UMP comme candidat à la présidentielle, Chirac s'est longuement fait prier pour "adouber" ce candidat à la télévision. Notre précédent Président de la République a donné son accord de principe à une allocution télévisée pour soutenir publiquement le candidat Sarkozy après que le juge Courroye ait été nommé procureur de Nanterre contre l'avis du CSM. Etrange, n'est-ce pas?
Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette...


Voilà, c'était mon petit commentaire aux insinuations certes assez conséquentes, mais uniquement établies à partir d'informations disponibles et vérifiables.
Vous conviendrez quand même, qu'en matière d'insinuations diffamatoires et stigmatisantes, je ne fais pas le poids par rapport à Sarkozy et Hortefeux : leurs dernières allusions aux grosses cylindrées des Roms, par exemple, sont bien plus impressionnantes.

Qui me vaut la réflexion suivante.
Au début des années 2000, on voyait fleurir des banderoles « Chirac en prison! » et les contestataires n'étaient pas pour autant envoyés au goulag.
En 2010, rien n'a changé. Mais l'actuel président, pourtant en posture analogue à son prédécesseur, est exempté de ces banderoles. Il semble qu'on ne puisse plus s'exprimer publiquement si on n'est pas armé juridiquement pour défendre ce que l'on exprime.
C'est peut-être ça, « la République Irréprochable » proclamée par Sarkozy. Une République à l'égard de laquelle il a décrété qu'il n'y aurait plus de reproche. Une République à laquelle on ne puisse plus rien reprocher, car une République dans laquelle on n'a plus le droit d'exprimer librement des reproches.

Je suis idiot, j'avais pas compris ça à la base.
J'aurais dû m'en douter, si ça avait été exprimé dans le sens que j'imaginais, il aurait dit « République Incorruptible », pas « République Irréprochable ».
Oui, ici comme ailleurs, les mots sont importants...

mercredi 21 juillet 2010

Faire rentrer la rivière dans son lit...

La poésie, n'est-ce pas ce qu'il reste à l'homme quand il est pris dans la tempête, en proie à l'adversité?
Ce soir je n'avais pas particulièrement l'humeur poète, mais je dois dire que je me suis laissé emporter avec un certain plaisir dans la belle tourmente que traversent nos grands capitaines...
Et me voilà du coup avec l'humeur lyrique...

Lyrique comme les envolées verbales d'un inflexible Procureur de la République, intègre, indépendant, insensible aux gesticulations des manants...
"Juste après avoir lu l'interview d'Eva Joly, je suis allé voir «Le Lac des cygnes» interprété par le ballet de Novossibirsk. Face à tant de beauté et de grâce, le fiel de Mme Joly s'est désintégré pour rejoindre les particules du néant"
C'est beau n'est-ce pas? On le nommerait bien Ministre de la Culture dans le prochain remaniement.

Ou bien Ministre de l'Agriculture, pourquoi pas? On résoudrait tous nos problèmes d'irrigation. Pourquoi s'en priver? On pourrait bénéficier des grâces de ce maitre-sourcier, capable de faire surgir la vérité, et dompter les éléments...
"Je peux simplement vous dire que mes enquêtes sont conduites avec une entière détermination, une totale sérénité, un souci de rigueur procédurale et une stratégie méthodique pour parvenir à faire jaillir la vérité. Beaucoup d'allégations, d'interprétations et de rumeurs ont surgi de partout. Seules ces enquêtes judiciaires seront de nature à faire rentrer la rivière dans son lit".


Faire rentrer  la rivière dans son lit.
De gré ou de force.
Remarquez ça n'a rien d'exceptionnel. Un homme de son rang peut mettre n'importe qui dans son lit.
Et comme ça on pourra dire, que cette rivière, on ne l'a jamais crue.
Et alors l'eau pourra à nouveau couler tranquillement sous les ponts...

lundi 12 juillet 2010

"En deux ans, quatre crises"

"En tant que chef de l'État, j'ai été gâté", a fait observer notre bon président, déguisé ce soir en Caliméro, citant la crise financière, la crise économique, la crise agricole, la crise de l'euro...
"En deux ans, quatre crises"

C'est sans doute pour cette raison que cet homme courageux, meurtri par la calomnie, va persévérer dans sa mission, et poursuivre toutes les pistes qui nous ont amenés à cette situation flamboyante.
On va racler les fonds de tiroirs en dépoussiérant des niches fiscales, ok, mais on va surtout ne pas toucher au bouclier fiscal (on appelle ça "redonner de la compétitivité et de l'attractivité à la France")
Et bien sûr, moins de fonctionnaires, démantèlement des services publics, la fin des 35 heures s'il en restait, les "doubles" heures supplémentaires, (après 18h et après 60 ans), et toujours le tralala sur l'innovation des entreprise, la fuite en avant quoi...

vendredi 9 juillet 2010

Asile politique...

Faut qu'on m'explique. Ça veut dire quoi "un organe de presse avec «des méthodes fascistes» " ?
Dixit le chef de l'UMP à propos de Mediapart, qui a nuancé après coup:
«Je pense sincèrement que les méthodes qui sont utilisées par Mediapart sont totalement antidémocratiques»
C'est quoi au juste des méthodes "démocratiques" pour la presse?

Si on récapitule, Médiapart a donc torturé l'ex-comptable Claire Thibout jusqu'à lui faire dire des choses erronées sur Sarkozy.
Celle-ci a pris le maquis dans le sud de la France, où fort heureusement elle a été sauvée par les services de l'Etat qui au bout de trois interrogatoires nocturnes ont réussi à la convaincre de dire enfin courageusement la vérité, malgré la menace planante de Médiapart.
Ouf le président est innocent (entendez : il n'y a pas de preuve qu'il est coupable).

Peu importe que les Bettencourt crament des dizaines de milliers d'euros en liquide et défiscalisent de façon outrancière sans que les services fiscaux ne les embêtent. Pas de problème non plus à ce que dans le même temps ils fréquentent régulièrement les femmes de ministre, le ministre, le maire ou le président en usant d'enveloppes kraft avec les bouquets de fleur comme marque de savoir-vivre...

Le président est innocent on vous dit. Il a juste été victime d'une tentative de putsch fasciste, un complot manigancé par un pseudo organe de presse trotskyste traitre à la patrie, qui menace la sécurité et les libertés individuelles dans notre beau pays. Bientôt on va apprendre que Claire Thibout est devenue complètement folle. Qu'elle était déjà psychologiquement fragile, et qu'elle était manipulée.

La politique, celle qu'ils nous livrent de façon si grotesque, comme un pastiche d'un roman d'Orwell, est un triste spectacle qui ressemble à un asile.
Je voudrais juste rendre hommage à Claire Thibout et l'inviter à s'éloigner de cet asile. Qu'elle quitte Neuilly à jamais, et son lot d'aristocrates réincarnés vivant au dépens du reste de la société.
Je lui offre l'asile politique, au fond de mon jardin, dans un palace d'arbres et de fleurs, et de potagers abondants, et où les pots de vins se partagent entre gens simples, honnêtes et respectueux, joyeux de trinquer ensemble...

vendredi 2 juillet 2010

Blanche Colombe

 C'est beau et pur comme une phrase du secrétaire général de l'Elysée...
"Un honnête homme comme Eric Woerth ne songe pas à prendre des précautions parce que la tentation du conflit d'intérêts ne traverse même pas son esprit."
Claude Guéant 02/07/2010

C'est pour ça d'ailleurs qu'il ne prend pas de précaution quand il rend 30 millions d'euros du contribuable à une honnête dame comme Mme Bettencourt sans même lancer un examen de la situation fiscale de la dame. Il est vrai que l'idée qu'une honnête dame comme Mme Bettencourt puisse frauder le fisc ne peut même pas traverser  l'esprit innocent de Mr Woerth... Sa femme l'aurait prévenu : c'est elle qui faisait les déclarations...

Je ne sais jamais ce qui est le plus pathétique dans le comportement des tricheurs: la faute qu'il commettent, ou la mauvaise foi ridicule dont ils usent pour essayer de la dissimuler...