lundi 18 avril 2011

Lendemains sans aventure

Je n'ai rien contre les aventures sans lendemain. Elles peuvent être parfois très belles.
Ce que je n'aime pas dans aventures sans lendemain, c'est le lendemain. Car il est censé ne pas être là, mais il y est quand même.
C'est ainsi, les aventures sans lendemain sont toujours suivies de lendemains sans aventure.
Lendemain abrupt, lendemain morose.
Lendemain sans horizon, lendemain à jamais inachevé.
Lendemain à se trouver laid alors qu'on était beau la veille.
Lendemain de lutte contre le manque, qui occupe tout le volume déserté par l'euphorie.
Lendemain consacré à penser à ne plus penser, à se rappeler qu'il faut oublier.
Oublier ce qui aurait pu, ce qui aurait dû.
Oublier que la chrysalide est morte cachée alors qu'elle aurait dû éclore en plein jour.
Si on s'était seulement donné le temps.
Oublier qu'une histoire merveilleuse dans nos imaginaires aurait pu devenir belle dans la réalité.
Si on avait seulement accepté de s'accepter.
Oublier qu'on aurait pu laisser une chance au rameau qui veut encore y croire, même si le tronc semble résigné.


Il devrait être interdit de priver une aventure de son lendemain.
Un lendemain qui chante, pluvieux ou ensoleillé, peu importe, mais curieux et tranquille, comme un petit déjeuner qui dure toute la journée.
Un lendemain à s'échapper dans la nature, au grand air, main dans la main, à gravir d'humbles mais spectaculaires sommets qu'on aurait fait notres.
Se découvrir pour de vrai, toucher du doigt nos imperfections, effleurer nos cicatrices, les accepter et les choyer, et se fondre dans le paysage.
Le trouver plus beau quand on y est.
Dans un instant même éphémère. Mais gravé en nous à tout jamais.

21 commentaires:

  1. je ne suis vraiment pas une experte dans ces lendemains, sûrement parce que c'est impensable que ça reste comme ça...juste une aventure sans lendemain.
    C'est peut-être pour cela que je suis frileuse parce que je ne me sens pas le courage de vivre ce lendemain.

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  2. L'aventure continue, c'est juste qu'elle est différente ;)

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  3. Je repenserai sûrement à ton billet jeudi matin. Un sans lendemain qui se répète.

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  4. @Dita : ah, je ne t'imaginais pas si prudente... Il est vrai que la peur de se brûler est en général ce qui nous retient de jouer avec le feu :-)

    @IVV : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme? C'est possible...

    @Insognare : un sans lendemain qui se répète chaque semaine? Si c'est avec la même personne, ça peut être une belle aventure !

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  5. Je suis prudente je crois, oui...
    et puis à un moment, je suis attirée par le feu, et j'y vais sans aucune peur et avec un plaisir immense...
    (suis pas claire du tout^^)

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  6. Je ne vais pas m'éterniser, essayer d'expliquer, juste envie de te dire que ton texte vient de me toucher en plein coeur...
    Cela ne fait pas mal, non...j'en souris presque ! Oui, je souris...Merci

    Bizz

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  7. @Dita : tu es née sous le signe de la salamandre? :-)

    @Flo : heureux de te voir revenir dans le coin... Et avec le sourire en plus ! Que demande le peuple ! :-)
    (et si un jour l'envie te prend de t'éterniser à expliquer, surtout ne te prive pas, hein?!! :-)

    Bizossi

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  8. Je pense qu'une aventure sans lendemain n'était pas destinée à durer. Sinon elle aurait eu un lendemain justement. Sauf en cas de personnes déjà en couple par ailleurs.
    Prosaïque et terre à terre ? Sans doute. Mais vrai j'en suis certaine.
    "Si on avait seulement accepté de s'accepter", on ne serait pas nous même. On serait un ou une autre. Et donc ce serait une autre histoire.
    Je ne regrette aucune de mes aventures sans lendemain. Je regrette celles à qui j'ai donné une chance, à qui j'ai cru.
    Ce sont celles là qui font mal.

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  9. NB : Je viens juste de lire sur le côté que les photos étaient de toi. Alors bravo pour la photo, et son utilisation parfaite en accompagnement de cette note.
    Sont émouvants ces arbres. Ils me font penser à une série de fleurs ou de plantes que je photographie systématiquement, celles qui poussent entre deux pierres, ou n'importe où.
    J'appelle cette série : "Struggle for life".
    Struggle for love, c'est une autre histoire, là encore. :)

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  10. NNB : C'est encore moi. Je ne sais pas comment je suis arrivée là, mais merci de m'avoir mis dans tes liens. :)

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  11. @Pastelle : bienvenue et merci pour tes commentaires. Sans doute ai-je du mal à envisager l'instant éphémère... Avoir mal ne me fait pas peur. Par contre, renoncer à des explorations prometteuses, passer à côté de moments qui pourraient m'enrichir, qu'ils soient agréables ou pas, est quelque chose que je ne vis pas bien...

    Je suis très facilement acceptant je pense, aussi j'aime vivre une histoire jusqu'au bout : une histoire qui arrive en butée n'est pas vécue par moi comme un échec qui viendrait ternir cette histoire, mais comme une limite mécanique qui nous invite à changer de direction, sans que cela soit trop difficile à accepter...

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  12. petite française23 avril 2011 à 23:39

    Bel espace que je découvre avec ce texte qui me plante au mur.

    Le lendemain que vous décrivez à la fin, celui de s'accepter avec les imperfections me semble faire partie de l'aventure. Faire partie de cette bulle qui se referme sur le souvenir.

    Il est des lendemains impossibles et vous le savez bien. Nous l'acceptons plutot que de renoncer à vivre l'aventure. Enfin, moi je les accepte. Je n'ai pas de regret, je refuse de me dire "et si"...

    Il faut que j'y repense un peu.

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  13. moi z'en pense que ces terribles ces lendemains qui pèsent et vous le dites très bien le lendemain c'est ça qui coince, et les jours les années qui suivent quand on renonce à vivre quelque chose de fort avec quelqu'un pour x raisons. Je ne parle pas là de la relation d'un soir, du fun et des relations sympas mais de quand on est amoureux... et que c'était vraiment bien... et que ça s'arrête parce que c'est impossible à vivre.
    Ce billet me touche beaucoup parce que j'aime pas les trucs qui s'arrêtent comme ça, pour rien.
    Bonne semaine à vous

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  14. @petite française : bienvenue dans ce nouveau coin ravalé et content que ça vous plaise. La question tourne souvent autour de savoir ce qui est possible ou non, et de quoi l'impossible nous prive-t-il au juste?... Vaste sujet...

    @if6 : oui c'est sans doute pour ça aussi, que je n'aime pas laisser derrière moi planer le mystère (pas exclusivement le mystère du "pourquoi", mais aussi et surtout le mystère de ce qui aurait pu arriver..) ... Sans doute la crainte qu'il me hante jusqu'à le fin de mes jours... :-)

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  15. J'aimais les aventures sans lendemain car j'ignorais ce que pouvaient être les lendemains. Maintenant que j'ai goûté aux lendemains, je pense que mes lendemains seraient comme ceux que vous décrivez si bien, emprunts de regrets, de manque...

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  16. @femme en chair et en papier : Les saveurs parfois âcres du lendemain ne sont-elles pas, comme l'amertume, des saveurs qui participent à relever les autres, plus suaves, de nuits suivantes?

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  17. Les aventures sans lendemain devraient être éternelles.

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  18. @An' : quelle jolie formule !
    Et aussitôt, ma face sombre, imprégnée de Kafka, vient nuancer ce voeu vain en me rappelant que l'éternité c'est très long, surtout à la fin... :-)

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  19. C'est joliment tourné, et l'exploitation de l'expression "sans lendemain" me donne à voir ce à quoi je n'avais pas pensé. Oui, il y a toujours des lendemains mais ils ne sont pas comme on les aimerait. Je hais les aventures sans lendemain qui ont des lendemains qui blessent. Comment ne pas se blesser ? Décider que le lendemain de l'aventure sans lendemain est le début de quelque chose de nouveau et non pas le constat du vide...

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  20. Bonjour, émue par le texte j'ai envie de laisser un petit commentaire.
    Je me suis toujours protégée des lendemains qui déchantent.
    La tendance s'inverse doucement, j'emprunte des chemins moins balisés, j'ai peur de me perdre mais je revis...

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Zone de saisie interactive nous permettant d'envisager la co-construction d'un échange d'informations, processus également connu sous le terme de "dialogue" :