dimanche 26 août 2012

Du vent dans mes mollets

Je ne vais pas souvent au cinéma. La ville provinciale de moyenne importance à côté de laquelle j'habite n'étant dotée que, comme beaucoup d'autres, d'un unique multiplexe monopolistique, il est rare que la programmation coïncide avec mes aspirations, et tout autant, mes disponibilités.
Vendredi soir j'y ai vu pourtant une jolie pépite.
Un film d'enfants de ma génération, qui parlera donc à tous les jeunes quadragénaires, qui se sont éveillés à la réalité du monde à la fin des 70's, à l'époque des R16 jaune citron, des slows sirupeux des films d'adolescents français sophimarcisés, et de moultes autres détails jubilatoires.


Mais c'est surtout un film qui, malgré sa légèreté, aborde de front le dilemme que tout parent rencontre en permanence, celui de l'équilibre introuvable entre la sécurité et la liberté, et que l'on entend décréter pour son enfant.
Quel casse-tête que de faire du mal à son enfant pour son bien, de devoir jongler entre transparence et cryptage des conversations pour l'éveiller aux choses de la vie, d'espérer le faire grandir plus vite en lui imposant notre savant dosage de générosité et privation, en croyant toujours "bien" faire...  Un film qui parle de la difficulté pour certains parents d'accepter l'influence, la contamination même du monde extérieur, celle, pourtant vitale, des autres enfants..  De la difficulté à accepter qu'on ne peut prémunir les enfants contre tous les périls de la vie, sauf à la maintenir en cage et les empêcher de vivre.

Voilà un film dans lequel Agnès Jaoui a un rôle enfin "humain" à mes yeux, loin de la personne froide et hautaine de ses rôles habituels.. Elle y joue cette maman bouffie et étouffante qui perd peu à peu son mari et sa fille à trop avoir voulu les contrôler.. J'ai adoré son personnage, cela ne m'étonnerait pas qu'il soit récompensé un jour.

Ce film m'a ému, et j'ai compris pourquoi c'était si fort. J'ai compris d'ailleurs que j'avais été un peu dur contre le succès du film "Intouchables" en déplorant que ce genre de films cultivait le mythe du conte de fées providentiel et ne nous poussait pas à progresser. En fait ce genre de films est précieux, car il nous reconnecte à nous mêmes. Dans cette époque où l'on se gave de statistiques sociales, ethniques, religieuses pour les substituer à l'identité des individus, cela fait du bien de retrouver l'échelle humaine. Cela fait vibrer notre fibre sentimentale, en nous rappelant que l'on peut s'attacher à chaque personne, quelles que soient nos différences, nos limites, nos faiblesses. Et c'est sans doute vital pour garantir la cohésion d'une société..

Je ne sais si ce film marchera, s'il connaîtra ou non un sort qui fera penser à "Intouchables", mais je pense qu'il fera vibrer bien des gens. Il réussit la prouesse de parler à la fois aux enfants que nous étions, et aux parents que nous sommes. Et dans les deux cas ils nous fait toucher du doigt l'inestimable richesse d'être en vie et d'aimer à ce point nos proches, malgré toutes les difficultés inextricables qui vont de pair...

28 commentaires:

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    1. Oups, c'est vrai, je ne l'ai pas précisé : "Du vent dans mes mollets", c'est le titre de mon billet en fait :-)

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  2. J'ai regardé la bande annonce du film, j'ai envie de le voir.
    Quant à Intouchables, moi qui suis directement touchée par l'handicap lourd (dans la famille), je peux te dire, que ce film n'édulcore pas la réalité, même si c'est une comédie. Personnellement, j'ai trouvé ce film très intelligent. Des Driss formidables qui donnent de leur temps à des Philippe ( friqués ou non), il y en a beaucoup et de les voir à l'oeuvre, ensemble , ça remet drôlement les choses à leur juste place:)

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    1. Je ne remettais pas en cause la justesse du film qui m'a beaucoup ému, touché, fait rire... Je déplorais juste que ça devienne un phénomène de société, parce qu'en l'occurrence même si ce film dénonce justement le politiquement correct qui caractérise le regard compassionnel et gêné des valides sur les handicapés, il reste pour moi un film très politiquement correct justement... En dénonçant l'assistanat, il se joint (involontairement ?) au choeur permanent de ces voix qui s’élèvent partout pour dénoncer l'Etat Providence et les mécanismes de solidarité, et ce pour payer moins d'impôts..

      Et le film ne dit ps comment Philippe peut garder son hôtel particulier, sa jaguar, s'il continue à bosser ou non... En tous cas il ne semble pas trop affecté par les problèmes matériels, ce qui dans la vraie vie ne me semble pas être la norme...

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    2. Philippe Pozzo a une fortune personnelle tout simplement(aristocrate).
      Ceux qui n'ont pas cette fortune ont de nombreuses aides en Belgique, ce n'est pas facile à mettre en place mais c'est tout à fait possible (c'est sûr, ya toujours des exceptions).
      Perso, j'aime bien les phénomènes de société(les trucs chouettes hein), les trucs de masses (et qui retombent comme un soufflé quand on a trouvé autre chose à faire) parce que dans le "troupeau' yen a quelques-uns qui vont vraiment se bouger.
      Le politiquement incorrect, ça met mal à l'aise, on n'aime pas, on zappe, en général, on n'a pas envie d'aller vers ça.
      Les mécanismes de solidarité ne sont pas parfaits, ya qu'à aller à la Croix Rouge : x euros reçus par têtes de réfugiés accueillis (en tous les cas , c'est ainsi que ça se passe en Belgique) mais ça apporte plein d'autres choses aussi.
      Dénoncer, c'est un fait, il le faut ! Mais j'aime encore moins ceux qui dénoncent et qui ne bougent pas le petit doigt si ce n'est pour dire "C'est honteux !". Bon, tout ça pour dire, que je préfère l'action aux longs discours, rires !(Et je ne pense pas que tu fais partie de ceux qui ne font pas avancer les choses:) )
      Heu.;oui, je m'égare de ton sujet mais j'avais rien d'autre à faire ;)

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    3. En tous cas tu m'as égaré au passage : j'ai pas saisi tout ce que tu as voulu m'exprimer je pense !
      Mais oui je suis d'accord avec toi, tout phénomène de société qui permet aux gens de "communier" sur un thème bien plus pertinent que le football est d'une préciosité rare..

      Dans le billet auquel je fais référence, je regrettais juste le côté "conte de fées" de ce film qui donne envie de croire aux miracles et ne nous fait pas forcément grandir autant qu'on devrait...

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    4. C'est moi qui m'égare parce que j'ai trop à dire, rires ! Bizz

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  3. comme Emma, j'ai regardé la bande annonce et là je me suis dit que parfois oui je ne leur achète pas tout pour essayer de les ralentir dans ce monde. Du coup, j'ai le doute ,c'est malin, sur mes intentions !

    Comme Emma pour Intouchables et pour connaitre le milieu , il n'y a rien d'édulcoré.Ce sont des situations qui sont un concentré d'émotions et souvent c'est un grand huit avec des très hauts et des très bas.
    J'avais bien aimé dans le film, le début où il fait passer des entretiens ^^ . c'est tellement ça certains discours de gens qui ont une empathie dépassée et enlevant toute personnalité à " leur mission de leur viiiie" ...

    comme emma je baise avec mon voisin! aaaah non merde ça je ne fais pas :(

    ;)

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    1. Tsss !! Non mais c'est quoi ces histoires de voisins, on est pas chez les pétroleuses ici! Un peu de tenue SVP! :-P

      Concernant le film en question, c'est vrai qu'on en ressort en se posant forcément des questions sur la pertinence de notre éducation, sur les choix qu'on fait pour nos enfants... Et ça sème le doute ! :-)

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  4. vu et adoré... on pleure , on rit, on rêve etc... je regrette de ne pas y être allé avec mon mari. il aurait aimé !
    et ouf!!! je ne me suis pas identifiée à la maman . alleuia :)

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    1. Retourne-z-y avec lui, cette fois ci l'identification marchera :-)

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  5. J'ai beaucoup aimé le rôle d'Isabella Rosselini qui pointe les "lourdeurs" dans la vie de cette petite fille.
    et plus que le consumérisme made in China ( ce qui était peut être moins pointé dans les années 80), il me semble que c'est la culpabilité et la mort qui rôde , et lui mettre sur ces épaules des responsabilités qu'elle ne peut pas gérer à 8 ans.

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    1. Oui Isabella Rosselini joue super bien : on dirait vraiment la psy chez qui on emmène nos enfants. Euh, nous, on s'est pas identifié aux parents... on devrait??? :-)

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  6. J'ai beaucoup aimé ce film, les deux petites filles sont absolument formidables, et les adultes ne sont pas en reste. Mention spéciale aussi à Denis Podalydés en mari finalement amoureux, à Isabelle Carré qui comprend tout et qui s'efface.... Ce film dit aussi nos fêlures d'adultes, d'hommes de femmes . Et la fin m'a bouleversée pour une raison très personnelle. J'ai pleuré comme une madeleine! Dire que je suis allé le voir presque au hasard dans le cinéma d'art et d'essai qui est à deux pas de chez moi, parce que la semaine dernière à Marseille, il faisait une chaleur infernale, et je voulais passer deux heures au frais!!! D'ailleurs je suis sortie avec les pieds froids et j'ai adoré.

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    1. Oui nous aussi, on est tombé presque par hasard sur le film, et c'était vraiment une bonne surprise...
      C'est vrai, pour vivre encore plus intensément ce film, pas besoin de lunettes 3D, il suffit d'y aller en short !!! :-)

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    2. après du vent dans les mollets, du froid au pieds!

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  7. Et bien pas grand chose encore, mais vue l'écho chez ROUGE et chez vous, et si la majorité à raison, alors je dois y aller ! Ce week-end peut-être car ce matin le ciel est bas, gris, il pleut, idéal pour aller au cinéma !

    À suivre...

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    1. Vous avez raison, c'est une bonne idée ! Mais sachez que j'ai toujours raison, contrairement à la majorité !

      (à trop en attendre, vous risquez d'être déçue, mais tant pis, j'adore quand nous vous transformons en joli mouton de panurge, vous êtes craquante :-)

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  8. J'y suis allée et j'ai beaucoup aimé. Un choc visuel fut pour moi de voir Jaoui totalement transformée. Le temps passe et de la voir ainsi m'a rappelée qu'il faut en effet profiter de la vie et de ceux qu'on aime en restant "éveillée" c'est à dire en ne tombant pas dans la routine du quotidien comme dans un piège fabriqué par la fatalité, en voulant se battre chaque jour pour ce qu'on a sans perdre de vue sa valeur. Oui joli film et je le dirai de la même façon à Rouge. Merci pour l'incitation.

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    1. Dites après le mouton de panurge, vous faites le perroquet? Je vois que vous avez fait un copié collé de votre commentaire chez Rouge ! Vous ne manquez pas de toupet ! Vous auriez pu personnaliser légèrement, pour la forme, pour faire croire, quand même, je sais pas pas, une petite subtilité, qui s'accorde avec la tapisserie des lieux ! :-)
      Bon ça ira parce que c'est vous, mais la prochaine fois j'exige un peu plus de personnalisation dans le propos !

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  9. on adore Jaoui ! On va aller voir ce film, tu nous donnes envie

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  10. Bon je ne vais pas mentir, je n'y suis pas allée : à peine ai-je vu passer un bout d'affiche... Mais je passais par là, alors je me suis dit qu'à défaut d'un commentaire pertinent sur du vent dans mes mollets, je pouvais au moins laisser un signe de mon passage... :)

    Bizz et bon WE !

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    1. J'adore quand tu laisses un signe sur ton passage, j'en ai senti le vent sur mes joues ! :-)

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  11. @ Usclade : question "peut-on s'auto-plaggier ?"

    PS : je vous signale, gros ours râleur, que j'ai dit à Rouge que je lui disais la même chose que chez vous, vous avez donc eu la primeur. CQFD !!

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    1. Merci pour la primeur alors, et continuez à vous auto-plaggier alors, mais faites le de façon moins criarde ! ça se voit un peu trop, là :-)

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  12. Pas facile de voir ce film qui peut renvoyer à tant de choses de notre propre vie. Plus tard dans la soirée, je m'attendais presque à entendre "ça ne te dérange pas que je te tourne le dos" ?
    Mais heureux de l'avoir vu...

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Zone de saisie interactive nous permettant d'envisager la co-construction d'un échange d'informations, processus également connu sous le terme de "dialogue" :