mardi 6 avril 2010

Arche de nos haies perdues (qui sème le vent...)

On pourrait croire que j'inaugure forcément un blog par un manifeste contre les élagages en tous genres. Coïncidence, mais qui montre que cela me tient à coeur...

Ce message fait écho à celui de Cath.
Car depuis le passage de Xinthia, plus que jamais je regarde la ligne d'horizon à ma fenêtre en maudissant mes congénères.
Bien sûr des tuiles qui volent, c'est futile par rapport à ceux qui ont tout perdu, y compris la vie ou celle de leurs proches.
Mais mes voisins veulent vendre leur maison neuve, fatigués des rigueurs du climat qui leur occasionne chaque année des dégâts non budgétés, à cause du vent essentiellement, alors que l'on ne pensait pas être dans une zone à risques.
On aurait dû s'en douter pourtant. Si les anciens n'ont pas bâti ici, c'est qu'il y avait une raison. Le chemin ne s'appelle pas "haut de hurlevent" pour rien !
Et je me dis que dans notre arrogance, nous avons aménagé et envahi, sans se souvenir que jusqu'à une époque récente les humains avaient l'humilité d'implanter leur habitat dans des lieux sûrs, plutôt que de ne regarder que le prix au mètre carré. L'emplacement plutôt que le placement.

Je me mets à rêver au démembrement, déconstruction et décroissance. A la revanche des paysages.

Et je reproche aux opposants aux éoliennes d'avoir une indignation sélective et du coup suspecte de complaisance uranienne. Car enfin, où étaient-ils hier ces esthètes paysagers, ceux-là qui aujourd'hui braillent contre l'implantation de ces jolies danseuses gracieuses qui mettent un peu de fantaisie dans la morne plaine, lorsqu'on a arasé le paysage jusqu'à en faire un terrain vague infini?
Reste-t-il vraiment des paysages à sauvegarder dans ce bas-monde?

On dit qu'au temps des Gaulois un écureuil pouvait traverser la France en sautant de branche en branche. Aujourd'hui il serait bien heureux d'arriver à progresser à découvert jusqu'au bout du champ sans se faire intercepter par un rapace affamé ou une lame de moissonneuse, s'il a réussi jusque là à ne pas se faire emporter par une rafale de vent décomplexée...

Transformer la plaine en océan asséché jusqu'à la ligne d'horizon, sans la moindre vague, sans le moindre courant, sans la moindre profondeur. Voilà la première révolution verte du siècle dernier.
Une immense zone industrielle, une usine plane à ciel ouvert. Agrochimie de surface. Napalm et défoliants. Intrants, poisons, produits dopants. Manger moins bien pour consommer plus. Productivisme fossoyeur. Terre cuite, terre brûlée.
Plaie terrestre ouverte à tous les vents.

Demain, je m'en vais planter en secret quelques graines de peuplier dans les champs. Boutures et rhizomes de ronces et églantiers.
J'aurais bien aussi semé quelques graines d'éoliennes, pour calmer les ardeurs de ce vent désorienté, et le rendre utile. Mais je n'en ai pas encore trouvées..
La seconde révolution verte sera-t-elle un peu mieux réussie?

7 commentaires:

  1. Sommes nous à l'abri nous mêmes de ne pas faire l'erreur dans nos choix ?
    La vie ne nous permet pas toujours de bien réfléchir au moment où il le faut ..Et malheureusement aujourd'hui, le porte monnaie l'emporte souvent sur la raison mais là aussi, tout le monde a t'il le choix ?

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  2. @Chilina
    >tout le monde a t'il le choix?
    Les choix d'hier nous ont privé des choix d'aujourd'hui, et les non-choix d'aujourd'hui finiront de consumer ce qui aurait pu nous rester demain...
    Pas toujours facile de faire des choix en toute lucidité, mais une chose est sûre, on ne peut pas dire qu'on se laisse facilement aller au principe de précaution...
    Et concernant l'abrasement de nos terres, Macaron a justement posté un sujet abordant la question de des sols, que l'agriculture industrielle et chimique est en train de vitrifier
    http://lesecritsdumacaron.hautetfort.com/archive/2010/04/28/ingenieur-a-grenoble.html , à travers les explications de ce scientifique engagé :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Bourguignon

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  3. "Demain, je m'en vais planter en secret quelques graines de peuplier dans les champs. Boutures et rhizomes de ronces et églantiers."
    Ces quelques mots me font penser à une très jolie fable (verte) de Jean Giono: "L'Homme qui plantait des arbres".
    A lire et/ou découvrir ici si le coeur vous en dit:
    http://www.perso.ch/arboretum/pla.htm

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  4. Merci Rouge pour ce joli texte que je ne connaissais pas. C'est vrai, dans le sud, le paysage méditerranéen a parfois des allures de désert. La déforestation date effectivement des derniers siècles pour le bois de chauffage, puis ensuite fin du XXè avec les feux de forêt..
    Mon père a travaillé dans les années 80 sur des reboisements massifs dans la garrigue, commandités par les pouvoirs publics. Ce n'était pas par semis, mais plantage de petits arbres, aujourd'hui alignés comme des ptits soldats...

    Aujourd'hui la forêt regagne du terrain par ses propres moyens du fait du recul des zones agricoles, si les incendies ne viennent pas tout réduire à néant...
    C'est assez spectaculaire de comparer certaines photo d'un même lieu entre les années 1900 et 2000.
    La nature reprend ses droits...
    A moins que ce ne soit l'oeuvre secrète d'un disciple d'Elzéard Bouffier? ;-)

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  5. Mon entourage a trouvé très bizarre que nous décidions de planter un châtaignier ... il est tout petit et frêle pour l'instant et ressemble plus à une branche.
    Il sera majestueux, plus tard, pour les prochaines générations et je crois qu'il faut aussi planter un arbre dans ce but là , pas forcément pour son propre plaisir immédiat de le voir vite pousser. laissons le temps à la nature .

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  6. @dita : on en avait deux, des bébés châtaigniers, qu'on a malheureusement perdus suite à un malentendu entre jardiniers. Depuis on a deux bébés noyers à la place...
    On pourra comparer nos branches frêles... :-)

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  7. Plantons ... Plantez.
    Car voir pousser c'est la vie .

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Zone de saisie interactive nous permettant d'envisager la co-construction d'un échange d'informations, processus également connu sous le terme de "dialogue" :