Oui il était amoureux d'Elin, mais ne voulait rien en conclure. Il avait l'impression que tout cela consistait surtout à partager la phase d'effervescence chimique qui conduit à cet état temporaire bien connu, fait d'insouciance, de confiance, d'ivresse. Il n'était pas sûr que cela puisse aller plus loin. Comme s'ils partageaient un bout de route ensemble après une rencontre improbable, mais que leur destination n'était pas la même. Même si au fond de lui, il espérait se tromper. Pour Elin, il semblait que c'était la même chose, elle répétait à tout va qu'elle voulait profiter intensément du temps présent. Pourtant c'est elle qui avait fait le plus d'allusion à perspective de la croisière.
Pourquoi s'être mis en couple avec Elin, alors qu'il s'était juré de ne plus chercher à plaire des personnes si attirantes et convoitées qu'on ne peut les approcher sans jouer le jeu de la compétition sociale ? Séverin était un peu en hibernation sociale lorsque sa route avait croisé celle d'Elin. Ce qui l'avait attiré chez elle, c'est d'une part qu'elle avait fait attention à lui sans qu'il n'ait eu à se mettre en avant. Et d'autre part sa capacité à vivre à fond le moment présent, d'une façon plus joyeuse que la plupart des autres. Cette forme d'énergie il en avait bien besoin, il était conscient que c'était quelque chose qu'il n'avait pas vraiment développé.
Peut-être la joie était pour lui une émotion indécente; car trop rare, ou trop mal partagée. Ou inappropriée dans le contexte de la grande fuite en avant. Il était devenu trop pudique, il avait peur du jugement des autres, et il voulait réapprendre à dépasser sa pudeur.
Lui, le libre-penseur auto-proclamé, était-il en fait prisonnier du regard des autres?
Il s'en pensait libéré, depuis sa grande défaillance, trois ans auparavant. Mais finalement qu'on soit exubérant, pour tenter d'exister aux yeux des autres, ou introverti et pudique, pour ne pas s'imposer aux autres, n'est-ce pas deux façons extrêmes de se soumettre au regard des autres ?
Séverin était subitement passé de l'obsession compétitrice démonstrative, au camouflage le plus discret. Cela n'y changeait rien. Il lui restait à apprendre à se voir lui-même avec son propre regard, et non plus celui des autres. Ne serait-ce que pour réussir à répondre plus spontanément quand on le questionnait sur ses ressentis.
Pourquoi s'être mis en couple avec Elin, alors qu'il s'était juré de ne plus chercher à plaire des personnes si attirantes et convoitées qu'on ne peut les approcher sans jouer le jeu de la compétition sociale ? Séverin était un peu en hibernation sociale lorsque sa route avait croisé celle d'Elin. Ce qui l'avait attiré chez elle, c'est d'une part qu'elle avait fait attention à lui sans qu'il n'ait eu à se mettre en avant. Et d'autre part sa capacité à vivre à fond le moment présent, d'une façon plus joyeuse que la plupart des autres. Cette forme d'énergie il en avait bien besoin, il était conscient que c'était quelque chose qu'il n'avait pas vraiment développé.
Peut-être la joie était pour lui une émotion indécente; car trop rare, ou trop mal partagée. Ou inappropriée dans le contexte de la grande fuite en avant. Il était devenu trop pudique, il avait peur du jugement des autres, et il voulait réapprendre à dépasser sa pudeur.
Lui, le libre-penseur auto-proclamé, était-il en fait prisonnier du regard des autres?
Il s'en pensait libéré, depuis sa grande défaillance, trois ans auparavant. Mais finalement qu'on soit exubérant, pour tenter d'exister aux yeux des autres, ou introverti et pudique, pour ne pas s'imposer aux autres, n'est-ce pas deux façons extrêmes de se soumettre au regard des autres ?
Séverin était subitement passé de l'obsession compétitrice démonstrative, au camouflage le plus discret. Cela n'y changeait rien. Il lui restait à apprendre à se voir lui-même avec son propre regard, et non plus celui des autres. Ne serait-ce que pour réussir à répondre plus spontanément quand on le questionnait sur ses ressentis.
La seule et véritable prison est celle que l'on se construit et en laquelle on s'enferme soi-même, dit-il en tournant la page,
RépondreSupprimerIl n'empêche, se défaire des conditionnements est un travail colossal tout autant que passionnant, une véritable aventure des temps modernes et présent. De quoi renouer avec l'Histoire de l'humanité et avec ses propres cellules et molécules et leur Histoire depuis la cellule Souche. Un Fantastique voyage spatio-temporel dans la Réalité de soi-même et du monde, et avec l'autre qui soit singuli-ère-er ou pluriel-le,
Amen dit-il en commençant une nouvelle page,