Et les relations sociales viennent faire croître cette complexité de façon exponentielle.
Aussi depuis la nuit des temps la tentation a été grande d'exploiter ce phénomène d'union entre deux êtres pour simplifier les choses, et diviser, en apparence, la complexité par deux.
Compacter deux êtres divergents pour n'en faire plus qu'un couple, voilà une source d'ordre et de sécurité.
En bons physiciens que nous sommes, nous avons modélisé la force à l'oeuvre pour obtenir une molécule de couple stable à partir de deux atomes d'individus instables.
Nous avons appelé ça : "amour".
Nous avons proclamé qu'il s'agissait d'un principe universel, comme la gravitation, l'électro-magnétisme
La science avançant, le Grand Amour est devenu un concept bien pratique, pour désamorcer nos peurs, légitimes, d'un monde de relations sociales débridées et anarchiques.
Le Grand Amour, vendu avec le contrat de propriété mutuelle exclusive qu'on appelle le mariage, pour nous faire accepter de confiner à vie, au sein de couple, notre activité sentimentale et sexuelle, en échange d'une disponibilité minimale réciproque. Et constituer un nid idéal pour passer le relais aux générations futures.
Pour autant notre science est relative. Et le progrès est fluctuant.
Notre est pensée sans doute ligaturée par le langage et les approximations sémantiques.
Oui, je viens d'apprendre que les Grecs de l'Antiquité avaient décliné en une dizaine de mots distincts, ce que l'on englobait, nous, dans un seul mot, monolithique et passe-partout: ce foutu "Amour".
Un peu comme si les grecs avaient donné un nom à chaque couleur de l'arc-en-ciel, tandis que nous ignorions toutes les teintes pour ne parler que de la résultante, le blanc. De l'amour, nous avons une représentation en noir et blanc, là où les grecs voyaient en couleur.
Porneia, pathos, mania pathé, eros, philia, storgê, charis, agapê, harmonia, eunoia...
- Porneia (du grec pornê, prostituée) : L'amour est dévorant, on attend de l'autre qu'il nous nourrisse.
- Pathos (souffrance, passion) : L'amour est passionné, possessif, il s'agit d'une demande inquiète et obsessionnelle.
- Eros (désir des sens) : L'amour est désir. Dès que l'autre sort de cette illusion de perfection, on ne l'aime plus.
- Philia (amitié) : L'amour est amical, non parce qu'il exclut le désir, mais parce qu'il apprend à le découvrir, de part et d'autre, et à le dire. Afin que chacun puisse l'entendre et s'entendre.
- Storgê (amour familial) : L'amour est tendresse. Pas seulement douceur, mais aussi tension : tendre vers l'autre, être attentif, attentionné.
- Charis (grâce, faveur) : L'amour est grâce. Le bonheur d'être ensemble est un cadeau. Cet accord profond permet d'être pleinement l'un avec l'autre. La quotidien prend toute sa saveur, se teinte de cette folie qui nous permet d'élargir l'horizon, d'aller vers l'inconnu.
- Agapê (amour divin) : L'amour est don. C'est la part inconditionnelle de l'amour. Là s'ouvre la porte de l'amour véritable, qui est une oeuvre à accomplir.
Bel arc-en-ciel, n'est-ce pas?
Merci...J'ai retrouvé ces mots mais pas l'enthousiasme de bricoler avec.
RépondreSupprimerTe lire m'injecte un peu d'espoir.
Je n'en pense que du bien de ce que vous dites
RépondreSupprimerun gros trousseau de clefs pour lesquelles il me reste encore à trouver quelques portes!
RépondreSupprimermais maintenant que je sais que ces portes existent, et que j'ai les clefs... yapluka! ;-)
@Insognare : merci, fais bon usage de cet espoir alors !
RépondreSupprimer@if6 : c'est gentil, c'est encourageant car on a souvent du mal à penser du bien. :-)
@Rouge : prête pour participer à Fort Boyard alors? (et là moi je regrette de ne pas pouvoir me faire tout petit pour me faire appeler passe-partout ! :-)
Le grand N'amour?
RépondreSupprimerJuste un phénomène d'harmonie, de compréhension, d'anticipation, de confiance, de partage, de dialogue, de prévention...
D'odeurs peut être?
@Eloci'n
RépondreSupprimerTout à fait, c'est pour ça que ça m'arrive très très souvent !
C'est fabuleux. Oui, c'est un peu comme une fable qu'on me raconterait et qui me laisserait rêveuse et heureuse. Quelle découverte ce matin que tous ces mots-là qui permettent de faire le tri dans l'entrelacs de nos sentiments. Redonner leur vraie valeur à des sentiments que l'on déguise parfois, en toute bonne foi, mais qui nous dévoient. Y'a pas à tortiller, quand même, quand on a le savoir à sa portée, les choses deviennent plus claires et on peut mieux les appréhender. Un coup à retourner sur les bancs de l'école. Ce matin, je suis enthousiaste !
RépondreSupprimer@Gicerilla : c'est vrai que souvent on semble dire que les connaissances et les techniques dissolvent magie et poésie.
RépondreSupprimerAu contraire, elles nous en font toujours découvrir de nouvelles.
C'est sans doute parce qu'on a le souvenir de l'école, où l'on devait ingurgiter ces connaissances, sans qu'il nous soit donné la possibilité de les bidouiller librement et découvrir par nous mêmes...