Voter local, boycotter le casting people national !
(petit appel à voter pour des idées plutôt qu'élire des marionnettes)
Une majorité de français qui ne connait pas son président de région sortant. Qui ne se déplace dans l'isoloir que dans les grandes occasions, comme la grande finale d'un événement populaire désormais quinquennal entre deux stars médiatiques, les plus caractérielles si possibles. Triste destin pour un pays que se donner comme choix final d'un représentant un duel entre Calamity Jane et Joe Dalton. Mais ça attire les foules.
Par contre quand c'est pas people, ça fait un bide.
Alors on cherche à décortiquer le flop.
Je reconnais que voter ressemble parfois à la formalité administrative qui cautionne le maintien d'un système bien psycho-rigide. Après tout, ce qui différence la dictature du prolétariat de la démocratie du patronat, c'est que dans la première il y a le Parti, dans la seconde il y a deux Partis. La nuance est bien mince.
Difficile d'avoir envie de s'engager. Car il n'y a pas d'autre choix que de passer par un parti, et le militantisme fera de vous un partisan écervelé qui vous tirera vers le bas en vous faisant rêver d'atteindre les sommets. Qui dépouillera de votre ambition ce qu'elle avait de plus noble.
Rien n'illustre mieux d'ailleurs le proverbe de Swief que l'engagement politique traditionnel :
"L'ambition souvent fait accepter les fonctions les plus basses . C'est ainsi que l'on grimpe dans la même position que l'on rampe"
Oui, le mot "militant" ça ressemble à "militaire": engagement comme troufion à la base, dévouement et loyauté bête et méchante au début de sa carrière pour prendre du grade et du galon au fur et à mesure du nombre d'affiches collées, de campagnes accomplies et de meetings animés.
Donc oui ça donne pas envie de s'engager. Et forcément on peut pas attendre autre chose du mec qui a trimé 30 ans pour en arriver là: le voir s'agripper au pouvoir comme un mort de faim et en abuser comme un mort de soif.
Oui les politiciens sont forcément des carriéristes. Oui leurs parcours du combattant les ont accoutumés à tous les coups bas et à l'abandon définitif de toute forme de sincérité. Oui les coulisses du pouvoir sont bien abritées des périls et du besoin, au point de leur faire oublier ce qu'il y avait dehors.
Mais faut-il laisser aux politiciens professionnels la responsabilité exclusive de notre destin collectif, comme on a laissé aux curés l'exclusivité de l'interprétation de la bible? Par le seul motif de légitimité et privilèges acquis sur l'engagement d'une vie et sur des sacrifices?
Et donc, faut-il s'abstenir d'aller voter?
Je lis beaucoup ça et là chez les abstentionnistes une posture un peu paresseuse et facile, du "ça sert à rien" au "tous pourris". Bref une attitude infantile, un peu irresponsable, qui nous posent en victimes de dirigeants incompétents. Attitude attentiste, passivité de la caste des larbins consommateurs dénigrant la caste des décideurs exploitants. Comme la république n'était plus qu'une entreprise privatisée du CAC 40 et qu'il s'agissait juste de plébisciter ou pas les résultats des dirigeants, sans imaginer qu'il ne tient qu'à nous d'infléchir le cours des choses en allant titiller le gouvernail et se réapproprier la galère.
Je lis aussi ailleurs une sorte de boycott, plus volontaire, en apparence, pour contester. Mais qui selon moi relève encore de la posture du consommateur et non du citoyen désireux de rentrer dans la mêlée, et entérine l'idée du "chacun son rôle".
Bref, rien qui me convainque de m'abstenir à mon tour.
Peut-on se permettre de rester imperturbablement drapé dans se belle posture de contestataire silencieux quand on voit qu'il y a autant de concitoyens déboussolés par l'angoisse de voir nos clochers remplacés par des minarets, que de concitoyens alarmés par la perspective des chamboulements géopolitiques et environnementaux? Qu'il y a autant de gens à craindre leurs voisins adeptes d'une autre religion, que de gens préoccupés par le destin collectif de l'humanité après deux siècles d'irresponsabilité industrielle, environnementale, économique et sociale.
Ne lit-on pas là la basse oeuvre d'une société matériellement asservissante qui empêche nombre d'entre nous de s'impliquer et s'engager dans des combats alternatifs ? N'y a-t-il pas dans le spectacle du "débat démocratique" un divertissement assuré par des comédiens combattant des périls fantasmés?
Quoi qu'il arrive, si vous tenez quand même à vous abstenir, faites-le alors SVP avant tout lors des élections présidentielles, cette grande mascarade du casting suprême. Ça tombe bien c'est la prochaine.
Par contre SVP, ne pénalisez pas les prochains rendez-vous visant à peupler les structures parlementaires qui sont quand mêmes mieux adaptés à un exercice moins personnalisé du pouvoir, et à une approche plus collective de la gouvernance, du débat d'idées. Oui les idées. La vraie richesse.
Si on veut rêver de lois contre le cumul et le renouvellement des mandats, si on veut de la diversité et du renouvellement dans les acteurs politiques qui feraient de la Politique avec un grand P, et non pas de la politique minable faite d'intrigues et de stratégies pathétiques qui n'intéressent que les éditorialistes et autres commentateurs politiques de la radio, alors ne plombons pas les élections de proximité.
Aidons les politiciens à se désintoxiquer du pouvoir en dépersonnalisant le pouvoir. Et ainsi nous nous désintoxiquerons des guignols que sont ces politiciens intermittents du spectacle. Oublions-les. Ignorons-les.
Mourir pour des idées, ok mais pas trop vite, nous disait Brassens.
On peut déjà voter pour des idées, plutôt que voter pour des guignols. Ce sera toujours un pas fait dans la bonne direction...
Calamity Jane et Joe Dalton, c'est pas mal vu ! ;)
RépondreSupprimerIl y a sans doute du vrai dans ce que tu dis, la passion réelle de la chose publique pour le bien commun, les idées et l'intégrité existent chez les politiques, d'autant plus qu'ils ne sont pas trop haut en niveau de pouvoir. Après...
Les hautes sphères donnent le vertige. Et les gens ne s'y trompent pas, en boudant les politiciens, et les élections à tout niveau du coup.
Mais il y a aussi une certaine facilité à ne pas s'informer des enjeux de la politique : je ne m'abstiens jamais, mais l'effort de compréhension me pèse parfois, oui. L'information claire et éclairée a encore des progrès à faire je pense, depuis l'école jusqu'aux journaux : ah, les questions "people" des journalistes ! c'est pathétique de bêtise parfois.
Usclade,
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas cet autre blog... Et, ce billet mérite réflexion et sans doute beaucoup de réponses... L'idée générale, de fond, qui s'en dégage est de savoir si l'abstentionnisme ou le fait de ne pas voter tout simplement, nuit à la "démocratie", à la représentation et à la participation de l'individu dans la société... Aux hommes politiques affairistes et carriéristes,sans aucun doute, il est si dur de perdre ces privilèges matériels et autres sonnants et trébuchants, lorsqu'ils ont mandat de pouvoir... Mais, question? Pouvoir sur qui, sur de pauvres idiots, moutonneux à souhait, à qui l'on faire croire, mieux absorber, à doses massives les pires des mensonges et grosses conneries... Alors oui, je me pose des questions. A l'échelon régional ou communal, les gens peuvent encore voter en fonction du bilan de gestion (dépenses, investissements, réalisations, ce qui n'empêche pas parfois des couacs où l'argent mal géré finit par partir en suppositoire... Alors, dans le "cul" d'un contribuable moyen, suppo ou autre, ça fait mal!)... Mais cette partie de l'iceberg reste néanmoins visible, puisque résultats, il y a! Mais, concernant ces représentants (du peuple) qui roupillent au trois quart dans l'hémicycle, au lieu de débattre fortement et surtout défendre les préoccupations des braves gens... Je m'excuse, je ris! Quant à ceux qui sont tout en haut, à part leur porte-monnaie et les avantages qu'ils peuvent tirer de leur fonction, qu'apportent-ils donc, à par des prises de gueule symboliques, histoire de se montrer un peu (regardez moi, je suis le plus con, le plus fort!) leur appartenance au parti! Alors, comment veux-tu, que le pauvre mec qui n'a rien à bouffer ou si peu, soit intéressé par le fait d'aller voter, en sachant qu'à 2 sous près et quelques réformes plus verbales que mises en place, sa condition à lui, ne changera jamais! Simple réflexion...